Reine Pokou: Concerto pour un sacrifice / Véronique Tadjo

Reine Pokou: Concerto pour un sacrifice / Véronique Tadjo

J’avais une vilaine migraine cette semaine qui m’a fait fuir les gros livres. C’est ainsi qu’en cherchant dans les rayons de ma bibliothèque : ‘’un livre écrit par une femme et que je pourrais lire en une heure’’, je suis tombé sur ce magnifique livre de Véronique Tadjo.

C’est la légende de Pokou dont j’avais déjà lu un extrait il y a dix ans environ. L’histoire est courte et je vous la rapporte.

Dans le royaume Ashanti, Pokou est une princesse. C’est la nièce du roi Osei Tutu.

Elle connut une enfance épanouie et quand elle en eut l’âge, elle se maria. Mais elle ne put concevoir. Elle changea plusieurs fois de maris sans toujours connaitre les joies de la maternité. On sait dans la société traditionnelle africaine, l’importance pour une femme d’avoir un enfant ! Pokou faisait donc l’objet de moqueries…

A la suite de la mort de son oncle, son frère accéda au trône et la prit comme conseillère

Elle épousa enfin un officier de l’armée royale et eut un enfant ! Le bonheur tant attendu !

Il se fait que son frère mourut sur le trône. Au moment de la succession au trône, le pays se divisa.

Pokou et ses partisans prirent le chemin de l’exil. Le chemin fut difficile et parsemé d’embuches mais il fallait avancer. Car le nouveau roi voulait les faire périr. Il avait donc lancé son armée à leurs trousses.

Les redoutables soldats du roi allaient les atteindre et voici que comme pour compliquer les choses, un fleuve se trouvait sur le chemin des fuyards.

Il leur était donc impossible de poursuivre leur route. Il est clair qu’ils seraient tous tués …

Les sacrifices faits ne plurent pas du tout aux dieux.

Ce fut le devin qui exprima la volonté de ces dieux : « le fleuve exige un sacrifice beaucoup plus important que vos pacotilles ! Il veut un sacrifice sans égal. Celui d’une âme pure. Je veux dire, le corps d’un enfant ».

Quelle femme accepterait de sacrifier son enfant ? Le devin restreignit les choix.

«  Il s’agit du corps d’un enfant noble. »

La princesse Pokou jeta alors son cher enfant dans le fleuve afin d’obtenir la clémence des dieux du fleuve.

Aussitôt un pont se forma sur le fleuve et Pokou et ses partisans passèrent. Le pont miraculeux disparut après, laissant les troupes du roi sur l’autre rive.

Devant l’hommage que lui rendait le peuple qui la proclama reine, Pokou ne faisait que se lamenter : ba ou li ce qui signifie l’enfant est mort. Ainsi naquit le royaume Baoulé.

Remarquez que cette histoire ressemble bien à celle de l’exode des fils d’Israël conduits par Moise.

En sacrifiant son enfant, Pokou sauve tout un peuple.

C’est la version officielle de la légende. Véronique Tadjo la rapporte dans un premier temps. Mais on sent très vite que le dénouement de l’histoire ne satisfait pas totalement l’écrivaine.

C’est donc avec la plume de femme et donc de mère qu’elle s’écrit et écrit : «  pourquoi faut il que les femmes voient partir leur fils ? Que leur amour ne soit pas assez fort pour arrêter guerre, pour empêcher la mort ? »

Véronique Tadjo écrit à la suite de ce que j’appelle version officielle de la légende six autres versions (si j’ai bien compté). Et on peut dire qu’elle a de l’imagination !

Bien sur je ne peux pas vous rapporter ces différentes versions dans cet article. Ce serait vous raconter six histoires complètement différentes.

Ce qui est essentiel,  est que Véronique Tadjo montre plusieurs visages de Pokou.

L’écrivaine imagine par exemple que Pokou refuse de sacrifier l’enfant. Les troupes du roi rejoignent les fuyards, en massacrent un grand nombre et font prisonniers les survivants, dont Pokou et son enfant. Ils sont vendus comme esclaves et déportés.

Dans une autre version, elle imagine que prise de remords pour l’enfant qu’elle vient de sacrifier, elle se jette à son tour dans le fleuve. Elle devient mamie wata, la reine des eaux !

Quoi ? Je vous ai prévenu que l’auteure a une riche imagination.

J’ai bien aimé ce livre dans lequel l’auteur fait carrément de la poésie en prose. Sachez d’ailleurs que Véronique Tadjo est auteure de poésie et cela remarque.

La description de la nature est très imagée et vivante.

Et moi qui voulait faire une rapide lecture, c’est inconsciemment que j’ai pris le temps de lire et de relire cette histoire, enfin ces histoires. Je vous le recommande : il vous plaira.

Merci pour ce livre !

3 réflexions sur “Reine Pokou: Concerto pour un sacrifice / Véronique Tadjo

  1. sans aucune doute.bien évidemment qu’il nous plaira…recit tres émouvant. vous voyez à quel point la femme audacieuse? ???elle a osé sacrifier son unique enfant pour sauver tout un peuple…amis Désiré vous avez bien fait de nous rapporter cette histoire profonde…merci

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