Les premiers romans africains : un patrimoine littéraire en danger

Les premiers romans africains : un patrimoine littéraire en danger

   lIVRES AFRIQUE

Il est aujourd’hui fréquent de constater dans les librairies la rareté ou l’absence de certains romans africains. Ce sont surtout les premiers romans, datant de l’époque coloniale.

Pour éviter leur disparition totale et permettre aux africains d’aujourd’hui et aux bibliophiles du  monde entier d’avoir accès à cette littérature, il est impératif de revoir la loi sur le droit d’auteur.

Le droit d’auteur est un terme juridique désignant les droits dont jouissent les créateurs sur leurs œuvres littéraires et artistiques. Les œuvres protégées sont les livres, les œuvres musicales ou cinématographiques, les créations publicitaires etc.

Au Bénin, ce droit est régi par la loi 2005 – 30 du 30 avril 2006 relative à la protection du droit d’auteur et des droits voisins.

Le point qui nous intéresse dans cet article est celui de la durée de la protection des œuvres. Il faut compter soixante–dix ans après la mort de l’auteur avant que l’œuvre ne tombe dans le domaine public.

Le domaine public est le fait pour une œuvre artistique ou littéraire de ne plus être la propriété de son auteur ou ayants droits. Alors, toute personne peut reproduire et diffuser l’œuvre librement.

A titre d’exemple, les œuvres de Victor Hugo, de William Shakespeare, de Molière, etc, sont aujourd’hui du domaine public. Elles sont numérisées, mises en ligne par des tierces et sont téléchargeables librement, gratuitement et surtout légalement.La libre diffusion des œuvres tombées dans le domaine public en favorise la préservation.

Qu’en est-il de l’Afrique ?

Nous savons que la littérature écrite africaine a vraiment émergé avec la colonisation. Elle est donc jeune par rapport à la littérature occidentale.

Les trois volontés de Malick (1920), Mapaté Diagne ; Batouala (1921), René Maran ; Force Bonté (1926), Bakary Diallo ; Doguicimi (1938), Paul Hazoumè et bien d’autres romans considérés comme les premiers écrits par des africains, sont aujourd’hui rares voire carrément absents des librairies. Les maisons d’édition ne les rééditent plus. Par ailleurs, peu de personnes ont les moyens de s’acheter ces livres quand ils existent…

C’est donc à un oubli progressif de cette littérature que nous assistons. Sur les bancs de l’école, les élèves reçoivent des cours sur des romans qu’ils n’auront peut-être jamais l’occasion de lire parce qu’ils sont introuvables !

Face à ce risque, il est impératif que les États Africains s’accordent afin de réduire dans certains cas, la durée de protection du droit d’auteur.

Au Canada, cette durée de protection est de cinquante ans. Et c’est déjà beaucoup mieux.

La sagesse de l’Afrique n’enseigne-t-elle pas que c’est à l’ancienne corde que l’on tisse la nouvelle ?

Il faut décider que les premiers ouvrages africains tombent dans le domaine public. Cela permettra d’abord leur préservation mais aussi et surtout leur large diffusion à travers le monde.

Si un Béninois peut librement télécharger et lire Notre Dame de Paris   de Victor Hugo, il serait encore beaucoup plus content de pouvoir en faire autant du très remarquable  Doguicimi de Paul Hazoumè. (Un livre introuvable dans les librairies).

En résumé, les lois sur le droit d’auteur en Afrique sont copiées sur le modèle occidental et ne sont pas totalement adaptées à l’histoire littéraire du continent.

Pour sauver les premiers romans africains d’une disparition en cours, il faut une mesure juridique et une mesure technique.

La mesure juridique consiste à revoir la durée de protection des droits d’auteur de façon à les faire tomber plus vite les œuvres  dans le domaine public.

La mesure technique  consiste à numériser et à diffuser sur internet ces ressources. Ainsi, l’œuvre des pères fondateurs de la littérature africaine sera préservée.

C’est d’une urgence capitale.

Eurydoce Désiré Godonou

Spécialiste de l’Information Documentaire

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