Chronique d’un été glacial : le rêve naufragé des refugiés africains est un livre de Jean-Baptiste Sourou, un béninois résidant en Italie.
Il est paru en 2013 et aborde la question de l’immigration clandestine des africains vers l’Europe et plus précisément l’Italie. Il a reçu deux prix à sa parution : Prix international Solidarité avec les Réfugiés à l’International Journalism and Media Awards et lauréat du Prix du meilleur auteur à l’Africa-Italy Excellence Awards.
Juste 89 pages …Mais l’essentiel de la situation misérable des réfugiés y est.
Jean-Baptiste Sourou est journaliste résidant en Italie et c’est de par sa fonction qu’il a été amené à côtoyer la souffrance, la sordide horreur dans laquelle vivent les réfugiés africains – du moins ceux qui parviennent à accoster sur la tristement célèbre ile italienne de Lampedusa.
En effet sur les milliers d’africains qui prennent chaque année et en toutes saisons le chemin de l’immigration clandestine, un grand nombre meurt, victime des naufrages des embarcations de fortune. De fait, la méditerranée est devenue un vrai cimetière au point que les pêcheurs retrouvent dans leurs filets, des restes de corps humains plutôt que des poissons…
Ceux qui parviennent à accoster sur l’ ile de Lampedusa ne sont pas au bout de leur peine. L’Eldorado dont ils rêvaient en quittant le continent africain se transforme en cauchemar. Et ils sont obligés de travailler au noir dans les fermes italiennes pour des salaires au lance-pierre et de vivre « dans ces vieux magasins puants et même pas bon pour des chiens italiens »p14
Un vrai esclavage !
L’ouvrage est une série de reportages, de chroniques et d’interviews sur le phénomène des réfugiés clandestins.
Les titres sont choquants, les témoignages émeuvent aux larmes : ‘’les filets pleins de restes humains’’ p27 ; la jeune immigré qui accouche en plein hiver sur la plage p29 ; un père jette en mer le corps de son enfant d’un an p33… etc.
Karim, un immigré résume les raisons qui poussent ces gens à quitter le continent africain en mettant ainsi leur vie en danger : « ils disent que c’est la guerre, la misère, des problèmes économiques qui ne leur permettent pas de subvenir aux besoins de leur famille ». p44
Ne pouvant se taire devant une telle situation, Jean-Baptiste Sourou propose ses réflexions pour à défaut d’éradiquer le phénomène de l’immigration clandestine, au moins le faire baisser. Il s’agit de travailler à la construction d’une Afrique où il fait bon vivre pour tous.
Il est utopique voire naïf de penser que le phénomène de l’immigration clandestine disparaitra. Mais il faut saluer le profond humanisme de ce livre qui vise à préserver la vie et la dignité des candidats à l’immigration clandestine en les sensibilisant de façon crue sur les dangers auxquels ils s’exposent.
Je salue l’engagement de Jean-Baptiste Sourou et je pense que son combat nous engage tous.
Ainsi si un jour un de vos proches souhaitait prendre une barque pour rejoindre le faux eldorado européen, de grâce, citez lui les paroles de Lia réfugiée Érythréenne : « Ce n’est pas l’Europe dont je rêvais (…) Les animaux Italiens vivent mieux que nous… Moi qui disais Europe, Europe, où c’est l’Europe ? Je veux le crier à mes compatriotes… Mieux vaut souffrir au pays que de venir vivre ici pire que les animaux ». p50
Chronique d’un été glacial : le rêve naufragé des réfugiés africains est un livre touchant, révoltant et qui pousse à l’engagement.
Je le recommande vivement.