Le royaume du Danhomè qui correspond à une partie de l’actuel Bénin a connu de grands rois comme Guézo, Glèlè ; la ‘’star’’ étant sans doute Béhanzin, héros de la résistance anticoloniale.
Des rois… Oui et des grands… Et si le royaume avait aussi connu une reine ? Une femme a-t-elle siégé sur le trône du Danhomè en tant que commandant en chef ?
Oui, répond Sophie Adonon, l’écrivaine béninoise rendue célèbre pour ses quatre romans policiers : les enquêtes du commissaire Aza.
Et c’est le sujet de son livre : Monarque Hangbé : Panégyrique d’une reine biffée. Elle ajoute en complément du titre : Reine du Danhomè : 1708 à 1711, l’actuelle république du Bénin. Tout est dit…
Par cet essai, Sophie Adonon entend réhabiliter cette reine ‘’biffée ‘’de l’histoire du Danhomè du fait d’une société patriarcale et machiste.
C’est un vrai travail scientifique et non pas un manifeste ! L’auteur combine les écrits sur le sujet avec les sources orales pour nous faire découvrir en 64 pages l’histoire de cette femme qui mérite autre chose que l’oubli.
En lisant ce document, on apprend que Tansi Hangbé est la fille jumelle du roi Houégbadja fondateur du royaume du Danhomè. Son frère devint roi sous le nom d’Akaba.
En tant que sœur jumelle du roi, elle a partagé l’exercice du pouvoir avec ce dernier.
Et quand le roi Akaba mourut en 1708 laissant pour héritier un enfant trop jeune pour régner, Tansi Hangbé s’installa sur le trône à la place de son frère. Elle régna de 1708 1711.
Ses réalisations sont variées et montrent qu’elle fut une femme forte éprise de liberté et d’indépendance.
Elle accompagnait déjà son frère au combat de son vivant…et a pu continuer après lui à mener l’œuvre d’expansion et de protection du royaume. C’est Tansi Hangbé qui instaura le corps des amazones, les femmes soldats du Danhomè.
Elle instaura la gratuité de l’eau potable pour tous ses sujets. Et sous son règne les femmes furent promues.
L’auteur parle de la reine comme une féministe d’avant-garde et « sous son règne prévalait l’égalité en dignité et en droits pour les deux genres ».p45 (Je préfère vous laisser lire le livre pour découvrir en détails son apport au royaume).
Mais le Danhomè est une société patriarcale et peu de gens appréciaient la reine qui en outre aurait à leurs yeux, des mœurs légères…
Son jeune frère Yansounnou qui convoitait le pouvoir mettra en place toutes formes de machinations pour la faire quitter le trône.
Persécutée et poussée à bout, Tansi Hangbé dut abdiquer dans des circonstances tragiques…
Yansounnou devint alors roi sous le nom d’Agadja !
L’histoire officielle dénombre 12 rois pour le Danhomè et Tansi Hangbé n’y figure pas. Et on peut s’en indigner avec l’auteure !
L’ironie est que les trois années de règne de Tansi Hangbé ont été ajoutées à celles de son successeur …
Agadja aurait donc régné de 1708 à 1732… Ce roi a-t-il vraiment régné à partir de 1708 ? S’interroge Sophie Adonon.
Cette question reste encore posée car le livre n’y répond pas de façon définitive. Au contraire le débat est relancé…
D’ailleurs l’auteure a fait préfacer l’ouvrage par le professeur Jean-Roger Ahoyo. Celui-ci, même s’il reconnait les mérites de Tansi Hangbé, pense qu’il pas vraiment été reine.
Quoiqu’il en soit, Sophie Adonon peut se dire qu’elle a accompli sa mission. Le panégyrique est bien là. Tansi Hangbé le méritait largement.
Et le livre a deux mérites indéniables : d’une part faire connaitre au grand public cette femme d’exception et d’autre part, relancer le débat sur réhabilitation.
Sur ce dernier aspect, il revient aux historiens de se remettre au travail pour trancher la question une fois pour de bon.
D’ores et déjà Tansi Hangbé peut être une source d’inspiration pour les femmes mais aussi les hommes de ce pays et même d’ailleurs qui luttent pour l’égalité entre les hommes et les femmes.
Son histoire mérite d’être lue et largement diffusée. Sophie Adonon y contribue de fort belle manière.
Je peux lui dire : Merci pour ce livre, Tansi Hangbé en serait fière !
2 réflexions sur “Monarque Hangbé : panégyrique d’une reine biffée de Sophie Adonon : lumière sur la seule femme qui a régné sur le royaume du Danhomè.”