Enfant puis adolescent je fus un insomniaque chronique. J’ ai passé de longues nuits des années durant, sans pouvoir bien dormir . Ah, misère! Obligé d’écouter le chant lugubre mais si poétique des hiboux et autres oiseaux de nuit plus chouettes qu’on ne l’imagine. Nuit noire. Sans répit. Nuit blanche. Sans repos. Aujourd’hui encore je me demande la cause de cette insomnie…
Or comme je n’arrivais pas à dormir, j’avais du temps à perdre. Et comme j’avais du temps à perdre, je décidai de le gagner. C’est ainsi que je me lançai dans la lecture de nuit. Lire toute la nuit ou presque à la lumière d’une lanterne à pétrole, allongé sur une natte. Une position inconfortable qui me réconfortait…
cc
Ô combien de nuits, combien d’heures ai-je passées ainsi? Mes parents étaient des professeurs de Français. C’est dire que j’avais de la matière à lire : deux bibliothèques ! Ah sacré veinard de moi !
Je tombai malade d’une belle maladie : la boulimie livresque. Et je lisais chaque nuit jusqu’à la lie; jusqu’à ce que Morphée las et jaloux , pressé de me faire vivre ailleurs que dans les livres me prît dans ses bras. Cependant, mes rêves étaient nourris par les personnages de mes livres. J’étais Pascalet, j’étais Gatzo, j’étais Mamadou, j’étais Finagnon, j’étais Camara Laye, j’étais Tintin, j’étais le Capitaine Haddock, j’étais Julien Sorel…
Et mes parents dans tout ça? Savaient-ils seulement que leur fils se privait de sommeil pour lire? Car il m’arrivait en effet d’être en pleine lecture jusqu’au premier chant du coq.
Eh bien, ils n’en savaient pas grand-chose. Les livres que je lisais n’étaient pas forcément de mon âge. Ce n’étaient certes pas des livres » pour adultes » mais ce n’étaient pas non plus de la littérature jeunesse.
J’allais en fait » emprunter » des livres dans leurs bibliothèques sans qu’ils en sachent rien. Aussitôt lus, je les remettais en place.
C’est à cette époque que j’ai j’ai su que je devrais devenir écrivain. En fait je pensais que certains livres dont les héros étaient des enfants avaient été écrits par des auteurs de mon âge. ( Oui, un peu naïf mais ce n’est pas exclu).
J’ai donc commencé très tôt à écrire des histoires. Ou plutôt des historiettes … J’avais un cahier dans lequel je griffonnais. J’aurais honte aujourd’hui de la qualité de ce que je produisais et qui me semblait à l’époque, digne d’être lu par le monde !
Mais je lisais surtout. De jour comme de nuit. C’est ainsi que grâce à l’insomnie je devins un lecteur vorace.
Ah tristes nuits sans sommeil, parce que vous fûtes transfigurées par de belles heures de lecture, je vous pardonne, je vous magnifie. Et dans mon cœur ô sombres nuits, vous brillez du soleil lumineux des beaux jours. Je ne regrette rien !
Désiré Godonou
Belle manière de rentabiliser l’insomnie !
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En effet. Merci pour la lecture.
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Et c’est qui cet écrivain ?
En tout cas, ses insomnies ont payé. Bien à lui.
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Merci monsieur Deum !
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Salut frère. Tu ne dors pas le jour, tu ne dors pas la nuit (insomnie chronique). Et tu lis toujours (partout aussi, par moment) Il faudra qu’on t’interne dans une bibliothèque (à vie, bien sûr). Ainsi pourra-t-on te préserver pour que tu nous serve encore des saveurs d’ivresse (pardon, livresques) pour notre plus grand bonheur. Plaise à Morphée que tu la haïsses encore un peu plus… Nkk/Athd
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Hahaha.
Je veux un avocat livresque.
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A quelle fin, frère?
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Pour avoir de bonnes conditions de détention.
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De tout façon, je le dis pour que tu ne trompes pas de lieu (vu que tu lis partout et toujours) en te prélassant bouquin ouvert sur la chaussée, perdu dans les délices d’une lecture succulente au point de devenir sourd aux klaxons de véhicules ou des motos. On t’aime trop pour te laisser foncer droit sur un tronc d’arbre emporté par les espiègleries de Kakou Anazé par exemple… Toi-même tu vois ce que je veux dire. Nkk
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Quel article ! J’avoue être tant ému que séduit par cette belle plume que vous maniez dans un style qui pousse à vous lire jusqu’au bout. Quand c’est des insomnies qui donnent goût à la lecture, il faut éviter de se faire soigner.. ! MDR. Comme on dit, à quelque chose, malheur est bon. Beau texte.
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Merci cher Emmolière.
La boulimie livresque est en effet un péché dont on a ni le besoin de s’en repentir ni de s’en confesser.
Je sais que tu en es aussi captif, c’est toujours un plaisir d’avoir des personnes avec lesquelles on possède les mêmes » défauts ».
Bienvenu aux » bibliovores » anonymes😀😎
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L’Interner dans une bibliothèque, M. Destin ? Il est bibliothécaire !
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Je lisais aussi les nuits. Pas de bruit, aucune interruption, seul sur une route pour un voyage littéraire jusqu’à ce que le dieu Morphée mort de jalousie vienne me saisir dans ses bras pour me conduire avec force au pays des rêves. Je lis aussi pour ne pas connaître l’ennui que j’abhorre de trop et je lis quand je suis en colère pour retrouver mes esprits et ne pas faire une hypertension ! mdr.
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La lecture comme régulateur de tension.
Voilà cher docte un sujet qui ma foi mérite une thèse.
Vous pourriez considérer le mot » tension » sous différents angles.
😀😀😀
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Je ne regrette rien moi non plus… Bon enfin, je ne regrette pas de t’avoir lu. Toutes les lectures n’ont pas les mêmes saveurs… Ça sent le miel ici. Ma langue est toujours tendue…merci de la regarder.
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Merci pour tes mots qui aussi de miel. J’aime ta langue… celle que tu parles.
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Merci
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J’adore le texte 😍
Je m’y reconnaît ☺️
Tout le monde devrais avoir la boulimie livresque 😅
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