[ Article invité ] Errances dans nos sables mouvants de Colbert Tatchégnon Dossa

[ Article invité ] Errances dans nos sables mouvants de Colbert Tatchégnon Dossa

J’accueille à nouveau un habitué des lieux. Le blogueur de Racontar de lecture. Nous échangeons nos points de vue sur « Errances dans nos sables mouvants »   de Colbert Tatchégnon Dossa. Vous pouvez lire mon article sur son blog.

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À travers la publication de son premier livre « Errances dans nos sables mouvants », autofictions, paru aux Éditions plurielles, Cotonou, août 2017, Dossa Tatchégnon Colbert veut, lui aussi, mettre le doigt dans certaines plaies béantes aux puanteurs exécrables de la société béninoise. S’il a fait le choix d’un genre peu populaire, l’autofiction (entre autobiographie, fiction et, ici nouvelle) qui particularise l’œuvre, c’est loin d’être le cas pour le style. Jeune béninois, diplômé mais chômeur et père de famille. Telle est la situation du narrateur-personnage principal. Pour sa survie et celle de sa petite famille, comme la plupart de ses amis, il exerce en tant que professeur vacataire dans des établissements d’enseignement secondaire de Cotonou. Informé d’un concours de recrutement d’agents contractuels de l’État, il décide de tenter sa chance. Mais avant, il faut qu’il surmonte les multiples occasions de rançonnement qui caractérisent l’administration publique. Déjà à l’achat de quittance, il arrive vaille que vaille à accéder au guichet. Il retire les « trois quittances sur lesquelles il est bien mentionné « Montant : 4 000 francs CFA ». Et ça fait 13 000 francs CFA, les trois. Oui, c’est bien ça. ». (3 x 4 000 =13 000 ?). Mieux, au dépôt des dossiers, il se voit confronter à un système d’arnaque organisé par les agents du service de réception des dossiers et les agents des hôpitaux autour de pièces fictives. Pendant les vacances, sans revenu, il est contraint de faire des achats de vivres à crédit. Aux moindres occasions de paiement des miettes, qu’il s’agisse du « paiement des primes de Professeur principal » ou « pour percevoir [son] simulacre de salaire du mois de mai » sur lesquelles il compte pour régler ses dettes, il se confronte à des méandres qui ne font qu’en ajouter à sa souffrance. Tout comme si ce calvaire ne suffisait pas, il sera victime de népotisme, de coup bas, d’abus de confiance… Il échappera de justesse à une vindicte populaire pour avoir été accusé à tort par un chenapan de vol. En ville, un soir, les voleurs ont averti son frère, leur victime manquée, qu’il soit pris soin de leur prochain butin.

Ce chœur des 10 autofictions des « Errances dans nos sables mouvants » est une peinture incontestable de réalités vécues, au cœur du quotidien de l’enseignant vacataire béninois. À tel point que ce dernier, comme c’est d’ailleurs le cas du narrateur-personnage principal, suscite, éveille et provoque un sentiment de pitié et d’apitoiement chez le lecteur. À force de « regarder le monde à travers [sa] lucarne », il nous peint la misère, la corruption, l’insécurité, l’état critique de notre système éducatif – de l’espace scolaire au contenu des curricula de formation, du faible niveau de langue des apprenants aux jeux sexuels entre éducateurs et apprenantes en passant par les maux relatifs aux ressources humaines enseignantes – à partir des données spatiales et temporelles vérifiables.

Quant à la forme certes, il a réussi tant bien que mal à tenir dans les rails du genre, l’autofiction. Nonobstant cela, il y a certaines maladresses stylistiques qui déteignent sur la portée sociologique de l’œuvre. Entre autres, il y a par exemple les paroles de la même chanson de Riss Cool qui sont intégralement recopiées sur plusieurs pages d’au moins deux récits différents (pp 32-32 ; 48-19).

L’esthétique de la couverture et l’effet du titre forcent admiration et incitent à  délecter les « saveurs livresques » (comme le dit si bien l’autre) que cacherait l’ouvrage.

7 réflexions sur “[ Article invité ] Errances dans nos sables mouvants de Colbert Tatchégnon Dossa

  1. « Errance dans nos sables mouvants  » je regarde dedans quoi… Je vois des grains de sable déssiner sur le sol de ma tête : paix ! Que la paix vous innonde ; vous qui qui partagez Avec nous ces beaux rayons de mots.

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