Février mois de l’amour. Poème 13/28.

L’amour ce n’est pas que des roses, des sourires et des câlins.
Des plus illustres personnes aux individus anonymes, tout le monde peut souffrir de ses tourments. Heureusement que c’est bon pour la poésie !
Je vous présente très brièvement aujourd’hui un extrait de La nuit d’octobre de Alfred de Musset, un de mes poètes préférés.
Les Nuits ( quatre au total ) ont été écrites quand Alfred de Musset a été largué par sa Valentine : Georges Sand ! Ah on m’a demandé plus d’une fois …. Oui. Oui : Georges Sand, c’est une femme et non un mec.
La Nuit de décembre porte sur le malaise existentiel, La Nuit de mai,sur l’angoisse de la création littéraire, la Nuit d’octobre qui nous intéresse aujourd’hui porte sur l’amour trahi. ( A ces trois textes s’ajoute la Nuit d’ Aout.)
Les Nuits se présentent comme un dialogue entre le poète et sa muse. La muse confidente du poète.
Voici un extrait de la Nuit d’octobre. Le lyrisme est porté à son point culminant. Ici, le poète s’en prend à celle qui a blessé son cœur et vous verrez que les mots ne sont pas toujours tendres.De la plus profonde douleur jaillit de la haute poésie. Le texte a été repris en chanson par Serge Gainsbourg.
Bon assez bavardé! Lisez.
LA MUSE
Apaise-toi, je t’en conjure ;
Tes paroles m’ont fait frémir.
Ô mon bien-aimé ! ta blessure
Est encor prête à se rouvrir.
Hélas ! elle est donc bien profonde ?
Et les misères de ce monde
Sont si lentes à s’effacer !
Oublie, enfant, et de ton âme
Chasse le nom de cette femme,
Que je ne veux pas prononcer.
LE POÈTE
Honte à toi qui la première
M’as appris la trahison,
Et d’horreur et de colère
M’as fait perdre la raison !
Honte à toi, femme à l’œil sombre,
Dont les funestes amours
Ont enseveli dans l’ombre
Mon printemps et mes beaux jours !
C’est ta voix, c’est ton sourire,
C’est ton regard corrupteur,
Qui m’ont appris à maudire
Jusqu’au semblant du bonheur ;
C’est ta jeunesse et tes charmes
Qui m’ont fait désespérer,
Et si je doute des larmes,
C’est que je t’ai vu pleurer.
Honte à toi, j’étais encore
Aussi simple qu’un enfant ;
Comme une fleur à l’aurore,
Mon cœur s’ouvrait en t’aimant.
Certes, ce cœur sans défense
Put sans peine être abusé ;
Mais lui laisser l’innocence
Était encor plus aisé.
Honte à toi ! tu fus la mère
De mes premières douleurs,
Et tu fis de ma paupière
Jaillir la source des pleurs !
Elle coule, sois-en sûre,
Et rien ne la tarira ;
Elle sort d’une blessure
Qui jamais ne guérira ;
Mais dans cette source amère
Du moins je me laverai,
Et j’y laisserai, j’espère,
Ton souvenir abhorré !
Par Désiré Godonou.
Ah. Ce Musset.
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