Les mouroirs de Dayouri Kpétikou : au cœur des déserts médicaux en Afrique.

Les mouroirs de Dayouri Kpétikou : au cœur des déserts médicaux en Afrique.

LES MOUROIRS

Il y a des livres qui font rêver… Il y a aussi  des rêves qui font écrire des livres…

En tous cas, Les mouroirs de Dayouri Kpétikou est le reportage sinon le rapport général d’une nuit de  sommeil agité,  entretenu par rêve et imagination.

Le narrateur suit le douloureux périple de Fati, une fille de 15 ans à terme de sa grossesse. Après l’échec du guérisseur traditionnel à la délivrer, ses parents se décident enfin à opter pour la médecine moderne. La pauvre femme fait une rupture utérine et est  dans le coma depuis plusieurs jours. Elle sera trainée de ville en ville  sur des ambulances de fortune, à la recherche d’un centre de santé qui puisse enfin la faire accoucher.  Le narrateur suit fidèlement la jeune femme presque morte dans son long chemin de la croix pour aller donner la vie. Le chemin est parsemé d’embuches. Ne disposant jamais du minimum pour soigner les patients, les hôpitaux deviennent alors de vrais mouroirs.

On est ému. On prie, on pleure pour cette pauvre femme qui  souffre depuis des jours et qui s’en va à une mort probable. Vers son mouroir ?

Dans un style limpide et accessible à tous,  les pages défilent aux yeux du lecteur pressé de trouver la réponse à sa question : la petite Fati survivra t- elle ?

Disons le, Les mouroirs est un livre dérangeant. D’abord pour l’État qui,  du fait de sa mauvaise gouvernance, du manque de civisme des fonctionnaires, ne parvient pas à assurer aux citoyens les soins basiques !

Ensuite, Les mouroirs, est un livre  dérangeant pour les agents de santé sans conscience professionnelle, ceux là qui abandonnent des patients comme Fati pour aller suivre des feuilletons ou prier !

Les mouroirs remet aussi en cause la tradition, jugée trop conservatrice. C’ est un livre douloureux. La souffrance est présente à chaque page. Le rêve se fait cauchemar.

Et pourtant c’est bien la réalité crue que décrit Dayouri Kpétikou qui est lui-même médecin gynécologue obstétricien ayant exercé dans plusieurs pays du continent africain. La réalité des hôpitaux, véritables mouroirs pour les femmes africaines. Ainsi, Les mouroirs, n’est pas seulement une œuvre de fiction , c’est un témoignage, c’est un documentaire.

Enfin, Les mouroirs est  un hommage aux femmes; surtout celles dont la vie devient un véritable cauchemar quand elles veulent donner la vie. Et l’auteur s’insurge contre les africains qui considèrent la mort comme une fatalité. Le fil rouge de l’ouvrage est sans doute la pauvreté, la misère à outrance dans laquelle vivent une  grande majorité  des Africains, et ceci avec des conséquences…  tragiques.

Je souhaite que ce livre soit adapté au cinéma, en espérant que les infirmiers n’      abandonnent leurs patients pour aller  regarder le film !

 

***

Le Dr Dayouri Kpétikou est médecin urgentiste et humanitaire.   Il fut volontaire du système des Nations Unies dans plusieurs pays africains en crise.

Rentré définitivement au pays, il fut nommé Directeur départemental de lan santé ( 2009-2011). Il est actuellement Médecin-chef de la Maternité du centre Hospitalier Département de l’Atacora à Natitingou.

 

 


Désiré Godonou

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