« On croit avoir laissé le passé derrière soi, mais il nous rattrape toujours où que nous soyons, qui que nous soyons. C’est ainsi la vie ! » p37.
Après son roman« Le bout du tunnel » sorti en 2013, Elena Miro K publie en 2016, « Miel sacré » un recueil de deux récits d’une qualité littéraire remarquable.
Publié par les éditions Tamarin, l’ouvrage est préfacé par le journaliste et écrivain béninois Jérôme Carlos. Il est écrit en 118 pages autour de deux personnages féminins que sont : Jessy et Stéphanie.
Jessy
« Jessy n’était pas parfaite, mais le sexe lui sortait par tous les pores de la peau. Elle était d’un charme sensuel qui faisait dresser les cheveux de la tête. Oui elle était belle. Oh que dis-je sublimissime ! Elle était le parfait exemple du pouvoir qu’on les femmes sur les hommes ». p20
L’histoire de Jessy et Loïc débute comme la plupart des aventures amoureuses nos de jours : sur Facebook ! Séduite par le charme de celle en qui il voit la femme de sa vie, Loïc fera tout pour la conquérir.
Jessy est réservée et réticente à cette relation, comme si elle cachait quelque chose… Cependant elle finira par se donner cœur et âme. Le couple débute alors une belle aventure d’amour, un amour porté à son paroxysme par la grossesse de Jessy.
Mais Louis d’Aragon a déjà prévenu : Il n’y a pas d’amour heureux. A quelques semaines de l’accouchement Jessy fait un accident de la circulation et se trouve en danger de mort. Loïc est contraint de choisir qui du bébé ou de la mère les médecins doivent sauver. La voix de l’amour le pousse à préserver la vie de sa femme tout en étant conscient que celle-ci ne pourra plus jamais concevoir.
Un choix qu’il aura peut-être très vite l’occasion de regretter ?
Car pendant que Jessy se rétablit à l’hôpital, il fait sur elle des découvertes graves.
Jessy a eu un passé assez troublant. Orpheline de mère, elle a par tous les moyens, éloigné toutes les femmes qui s’approchaient de son père. Jalouse et le voulant pour elle toute seule, elle a eu des rapports intimes avec ce dernier. Par ailleurs, Jessy a usé de son charme pour faire tomber Samuel, un jeune séminariste dans ce que Sony Labou Tansy appelle un « tendre piège de chair ». En fait, il pousse incite Samuel à coucher avec elle et diffuse les images sur Facebook. Après cet épisode scandaleux, Samuel se vit renvoyé du séminaire tout simplement et nourrit depuis contre Jessy une haine éternelle.
« Cette fille, c’est le diable incarné. (…) Dites-lui que jamais je ne lui pardonnerai et qu’elle brulera dans les feux de l’enfer ».
Le passé de Jessy la rattrape donc au moment, où elle croyait l’avoir enterré en rencontrant Loïc. A présent que celui-ci sait tout, aurait-il la force de la pardonner afin qu’ils aient un futur ensemble ?
Une histoire palpitante qui ne laisse pas le lecteur souffler avant le point final !
Stéphanie
« La vie est un caméléon. Parfois on obtient d’elle des choses plus tôt que prévu. Et la plupart du temps elle nous l’arrache, en attendant le bon moment pour nous la retourner. Comment pouvais-tu penser que celle qui t’a quitté dans de telles conditions pourrait aujourd’hui tomber enceinte de toi ? » p113
C’est une histoire d’amour vraiment touchante. La « mère » de Stéphanie paie des brigands pour assassiner Léo le fiancé de cette dernière. Mais l’opération ne se déroule pas comme prévue.
Léo tue un de ses agresseurs. Et quand la police découvre l’implication de Madame Gbètoda – nom qui signifie en langue fon : l’homme est mauvais, malin, cruel – les deux se retrouvent en prison avec elle. Ce qui eut immédiatement des conséquences sur sa relation avec la pauvre Stéphanie. « Partagé entre l’amour maternel et celui qu’elle me portait, Stéphanie prit du recul ». p73
Après trente-cinq jours de détention Léo est libéré grâce au zèle de son ami Ousmane. Ainsi, comme dans « Le dilemme « de Tidjani Serpos, on comprend bien que c’est dans le malheur qu’on reconnait ses vrais amis !
Madame Gbètoda décède en prison. Stéphanie ne peut plus aimer Léo qu’elle considère en partie comme responsable de la mort de sa « maman ».
Elle met fin à leur relation. Entre temps Léo a perdu son travail. Sans le gite ni le couvert, et privé de l’amour ce celle qu’il aime, il prend à pied le chemin de l’exil vers une destination inconnue.
C’est une longue marche qui n’est pas sans rappeler celui de Ahouna fuyant l’enfer que lui faisait vivre sa femme Anatou dans « Un piège sans fin » de Olympe Bhely Quenum; ou encore l’aventure moins dramatique de Trabi dans « Les tresseurs de corde » de Jean Pliya.
Heureusement tout n’est pas qu’épines sur son chemin de croix. Le destin met sur son chemin deux femmes exceptionnelles : Grace et Clarisse, qui lui donnent chacune à son tour, réconfort, tendresse et amour…
Au bout de son cheminement, il retrouve une personne qu’il n’espérait plus jamais retrouver : Stéphanie ! Celle-ci est sur le point de faire ses vœux perpétuels pour devenir religieuse.
L’amour pour Léo sera plus fort que sa vocation. Ils comprennent que leurs âmes sont liées et se marient, pour vivre le bonheur qu’ils ont mérité !
Une histoire d’amour qui finit bien, ça fait toujours plaisir. Et ce récit finit très bien même car Stéphanie rencontre sa vraie mère.
Ce récit est plein de rebondissements est le suspense est très élevé.
Miel sacré de Elena Miro K : un cocktail de miel et de fiel !
J’ai choisi ce livre à cause du titre : j’aime le miel… Et après lecture, je peux sans complaisance affirmer que Miel sacré est vraiment très délicieux à lire. L’auteure a une plume raffinée et sensuelle … Les histoires sont courtes et se dégustent telles des biscottes enrobées de miel, mais il y a toujours un arrière-gout amer.
Le style est très simple et digeste mais en même temps enrichissant et divertissant. C’est le côté miel. (La forme)
Dans le fond, Miel sacré est essentiellement du fiel. Les thèmes du livre sont la souffrance, la jalousie, les coups du destin, les conséquences de nos choix et décisions.
Jessy et Stéphanie n’ont pas grand-chose en commun et c’est bien car Elena Miro K veut sans doute nous montrer les deux visages de la femme. Jessy est la femme fatale. Tandis que Stéphanie est la femme sage, douce, aimante. Mais aucune n’est parfaite.
Toutefois, comme l’a su bien dire Jérôme Carlos, Miel sacré un hymne à l’espoir. Car malgré les épreuves que connaissent les personnages, la lumière apparait au bout du tunnel.
Dans Jessy j’ai surtout aimé la description des personnages et les descriptions de certaines scènes… Stéphanie m’a surtout marqué par la chute plutôt inattendue.
Si vous aimez le miel, vous deviez aimé ce sacré livre !
Je vous propose de mieux connaitre l’auteure travers cette interview accordée à Talents du Bénin.
Ma note pour ce livre : 4/5
Le cout : 5000FCFA.
Désiré Godonou