Bénin.
L’Heure du Débat Poétique est un concept neuf porté par le Label Harmonie Slam. Il consiste à débattre des sujets de société ou d’actualité en langage slam. L’édition zéro a eu lieu en ce mois de mars et le thème à débattre était :« La gent féminine à l’ère du numérique ». Belkis Hounkanrin notre reporter attitrée revient sur l’évènement.
Porto-Novo, le 08 mars 2018 à l’École du Patrimoine Africain et Cotonou le 14 Mars à la maison de la francophonie. L’heure du débat poétique, un concept du Label Harmonie Slam a sonné dans les ouïes du grand public. La nature a eu le flair de bien accueillir cette voix. Le vent s’est fait la guerre et est allé se réfugier chez le silence ; la mer a chanté des berceuses à ses vagues qui se sont vite laissées aller au le sommeil, les arbres se sont mis au garde-à-vous comme des anciens combattants fredonnant l’hymne national ! Le silence se faisait reine à la recherche d’un roi, d’une voix: celle des débatteurs. C’est alors qu’on entendit:
– Qui es-tu? Je suis un débatteur Quel est ton arme?
-Mon arme c’est le mot .
-Pourquoi est-ce le mot?
– Parce qu’il me permet de dire ce que je pense de façon libre en respectant aussi l’avis de mon adversaire
-Qui est ton adversaire ? Il n’existe pas.
La force! La puissance ! Vibration de la salle ! L’animatrice fit son entrée majestueuse et appela les débatteurs. Ils sont sur scène. Il fallait voir le décor, les regards, les gestes… De l’harmonie tout simplement.
Noémie se demande ce que sera sa vie sans son téléphone portable pendant que Junior affirme avec force que cet outil est très distractif pour être déposé dans les mains de la gent féminine. Ganesh dit que les tabous sont indéfendables mais que le numérique est gérable car les parents sont coupables mais Mireille doigte ses coéquipiers tout en leur montrant que jadis, ce sont les vieux qui portaient les gannoukous mais de nos jours, même les petites mômes de six ans en trimballent. On peut mettre de nos jours la maladie en poche comme des kangourous. Cette machine est diabolisée et des hommes elle en a minimisé.
La sentence! L’élégance ! L’éloquence ! Oui mister Mot! Ce défilé de mots était exceptionnel. Les mots que nous avions l’habitude d’utiliser simplement pour nous exprimer nous ont paru autre chose. Tellement ils étaient stylés. Jespel, la voix du public: « Je le crie haut et fort: remettre un téléphone portable à une adolescente, c’est comme remettre une hache à un psycopathe. Gros dégâts dans l’air de l’univers, ce serait du chaos. Et si vous ne me croyez pas, vous n’avez qu’à demander aux filles de l’UCAO. ». Léa après avoir évoqué l’affaire « Clara-Yanelle » crache toute sa colère: « A l’ère du numérique, les mémoires sont nues et vides ». Cyriaque de Djogbé n’est pas d’accord : Jean 8v7: « Que celui qui n’a jamais péché leur lance la première pierre, ils n’ont fait que dire tout haut ce que vous faites tout bas ». Des mots s’affrontent, coupa l’animatrice. Elle mit fin au magnifique conflit verbal en demandant à chaque débatteur de conclure. Signalons qu’il y avait au rendez-vous un bon nombre de slameurs béninois: Amagbegbon Eklou, MRV, Sêminvo l’enfant Noir, Nasser Al Kalam, Satyre la rime plate etc. Le chargé de mission du président de la République du Bénin Monsieur Sinzogan était là, le conteur béninois Souleymane Laly, le directeur et la directrice de l’École du Patrimoine africain , la représentante du maire de Porto-Novo. Colince Yann le journaliste toujours (L)ivre n’a pas manqué une seule minute de tout ce qui s’est passé. Les jeunes blogeurs du Bénin: Emmolière et Cyr Zogo; les étudiants de l’École Normale Supérieure de Porto-Novo, les apprenants du collège Catholique Notre Dame et bien d’autres amoureux des belles lettres. Ce merveilleux public n’a cessé de réitérer de nombreuses félicitations à toute l’équipe. La magie des mots n’a raté personne.
La volonté du peuple est que l’heure du débat poétique devienne une émission télévisée afin de permettre à la grande masse de s’y abreuver. À la fin de la prestation, des médailles LDP furent offertes à toute l’équipe. Assez symbolique il est ce geste! C’est un effort surhumain que fait saveurs livresques en vous faisant humer ce parfum. Car l’heure du débat poétique ne se raconte pas; ça se vit. Nos marmites ne supportent plus ce débit de bit prosaïque mais quand l’animatrice Belkis nous dit qu’elle est notre soutien, de la mettre bien, nous avons la force de continuer pour vous dire ne serait-ce qu’un un mot qui résume tout sur la gent féminine à l’ère du numérique : « Quelle que soit « F » dans Alpha, le numérique reste et demeure. Nous n’aurons qu’à aiguiser nos cœurs contre la pierre de la conscience Mère, de la foi, de la sagesse de fer. »
De Porto-Novo à Cotonou, la flamme est restée allumée. Le vent n’a rien pu lui faire de mal. Bien curieux, il s’est transformé en pétrole pour permettre à cette flamme de luire davantage
C’est une scène magique des mots attestant de ce que le Bénin a d’incroyables talents. A bas l’ignorance donc ! L’heure du débat poétique, c’est le savoir-lire; le savoir-penser, le savoir-écrire, le savoir-dire, le savoir-vivre bref, le SAVOIR-FAIRE. Nous attendons impatiemment le prochain bras de vers qui, notre foi, sera plus énergétique, plus éloquent que celui-ci car chaque sujet est un bras de vers où seul le mot est vainqueur.
Savoureuse …… !! .. ….(Sérieux ) C’est une très bonne initiative . Le pérenniser, c’est honorer l’art poétique !
Poétiquement…….
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Merci mon grand. Ne ratez surtout pas l’édition prochaine
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Excellente idée ces instants passion éducation et distraction. Je me fais comme un devoir d’être présent à l’édition prochaine. Bon vent à toi Belkis.
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Merci beaucoup pépé. Cela nous fera grand plaisir.
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Le titre me rappelle ce thriller américain… The Purge. Purifier les maux par les mots.
Bel article au passage, j’adore 😊
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Merci monsieur du Mel !
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