Les différents types d’écrivain selon Habib Dakpogan

Les différents types d’écrivain selon Habib Dakpogan

Habib Dakpogan

Chers amis, vous savez, sans écrivains, pas de livres et pas de lecture – ah si il y a des gens qui savent lire les lignes de la main. Bon. Mais je suppose qu’ils ne sont pas très nombreux.

Nous, trouvons notre joie dans les œuvres des écrivains. Ces femmes et hommes qui passent des nuits blanches – en plus de journées noires parfois – à noircir des pages blanches afin de remplir, nos journées de lecture ! Voilà pour le coté poétique.

Mais les écrivains sont des humains avec des natures différentes.

Dans son roman PV salle 6, l’écrivain béninois Habib Dakpogan s’amuse à faire une typologie des écrivains.

J’ai trouvé ça très amusant et ironique et j’ai décidé de le partager avec vous.

Lisez donc l’extrait pour distinguer les différents types d’écrivains.

« Je t’écris maman donc, maman

Un soir, alors que tu pelais tristement tes patates devant notre case, je t’avais promis de devenir écrivain. Un écrivain qui se respecte.

Pas un faux « grand écrivain » qui passe à la télé en costume et cravate pour chocobiter en crissant les ‘’r’’ : « Euh…oui, ce livrrrrre je l’ai écrrrrrrit en une nuit où j’ai rrrrrreçu l’appel d’un ange…. »

Les écrivains d’un jour qui touchent des chèques auprès des politiciens véreux pour écrire des biographies douceâtres et menteuses avec des titres bouffons, ni de ceux qu’on retrouve le matin, inconscients à la porte d’un bar avec leur livre comme oreiller, ni de ces écrivains qui n’ont rien publié et qui distribuent des cartes de visite à tous ceux qu’ils croisent dans la rue, qui se placent au premier rang à toutes les réunions des gens de lettres, prennent toujours la parole les premiers pour dire : « nous les écrivains… » ; ni de ces écrivains qui ne prennent jamais la parole et qui concluent toujours vivement « voilà ! », quand les autres ont fini de parler.

Ni de ceux qui vous rencontrent au restau et vous demandent si vous ne les avez pas reconnus la veille à la télé, qui vous citent le titre de leur ouvrage nécessairement inconnu en s’étonnant que vous ne l’ayez pas encore lu…

Encore moins un de ces écrivains qui utilisent le dictionnaire des mots difficiles pour faire de grosses phrases sans tête ni queue, où on ne sait plus ce qui est verbe, ce qui est adverbe ou ce qui est nom ; ces grands écrivains qui font des phrases kilométriques où le sujet, à perte de vue du verbe, n’arrive plus à discerner l’accord du participe passé avec l’auxiliaire avoir ; ceux-là qui sont les seuls à savoir ce qu’ils veulent dire, ou ce qu’ils veulent tout simplement.

Ou ceux-là qui ne savent même pas ce qu’ils veulent dire, qui ne peuvent pas vous expliquer de quoi a traité leur livre, puisque le livre n’a d’ailleurs traité de rien, et qui par la suite insultent tous les critiques littéraires qui les ont accusés d’avoir publié des écrits vains.

Non, pas ces écrivains qui n’aiment pas remettre leurs manuscrits aux critiques de peur qu’on les trouve plus aptes à manipuler une daba qu’un stylo.

Ni ces écrivains qui s’énervent face aux colles des journalistes vicieux et qui finissent par s’écrier, l’air renfrogné : « En tous cas, ce n’est pas facile d’écrire ».

Ni ces écrivains qui mettent leur nom et un autre titre sur les romans des autres et qui après, intentent des procès à ceux qui les ont traités de plagiaires.

Je n’aime pas voir ces écrivains qui marchent dans la poussière sous le soleil et qui expliquent sans qu’on leur ait rien demandé, qu’ils recherchent une communion avec la nature. Ni ces écrivains sur zémidjan qui portent un gros sac remplis de leurs livres édités chez eux – que les libraires ont refusés à l’unanimité – et qui se dirigent vers les écoles en désespoir de cause pour essayer de vendre leur baratin à moitié prix aux faibles esprits adolescents.

Pour faire plaisir à maman, je veux être un authentique écrivain, qu’on écoute sans qu’il n’ait à faire la cour aux journalistes d’abord, qui donne, un peu partout, des conférences où il explique, avec des mots savants dont il ignore parfois le sens, son itinéraire d’esthète et sa méthode de création, un type qui touche des royalties énormes et s’achète une belle voiture où il met du Brassens en sourdine pour faire savant. Un écrivain qui obtient toujours son billet pour tous les salons du livre sans avoir eu à promettre d’écrire davantage d’articles encenseurs sur le Leader-Charismatique-Révolutionnaire.

C’est pourquoi j’écris. »

Pv salle 6 Habib Dakpogan pp 12-15.

Que pensez-vous de cette catégorisation des écrivains ? Connaissez-vous d’autres types d’écrivains à ajouter à cette liste ? N’oubliez pas de préciser si vous avez déjà lu le roman PV salle 6. Je vous en parlerai dans quelques jours sur le blog.

Livresquement et savoureusement, Désiré G.

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