« Si Dieu emplit nos bouches, c’est soit de nourriture pour nous donner vie, soit de sable quand l’heure de mourir est venue. »
Auteur :Erik ORSENNA
Editions :Le livre de poche
Genre :Roman
Année de Parution :2015
Nombre de Page :445
4ème de couverture :
Voulez-vous les dernières nouvelles du Mali ? Madame Bâ Marguerite se propose de vous y emmener. Elle veut libérer son pays des djihadistes, et c’est petit-fils, ex-footballeur devenu griot, qui raconte sa campagne mi- glorieuse, mi- désespérée. Sur les pas de ce duo, vous rencontrerez les femmes échappées de justesse aux horreurs de la charia. Vous ferez connaissance avec des petits capitaines, soldats d’opérettes, terrorisés par les combats. Vous tomberez sous le charme de leurs épouses prédatrices. Vous verrez pourquoi bandits et djihadistes s’entendent comme larrons en foire. Vous saluerez des musiciens et des tisserands, inlassables créateurs des liens qui fabriquent un pays. Vous atteindrez juste à temps Tombouctou pour assister à l’arrivée des Français…
La fascinante Madame Bâ est de retour.
Orsenna donne corps aux drames du continent tout en épousant sa grâce, sa magie, son instinct de survie. Un conte jubilatoire.
Avis personnel :
J’ai entrepris la lecture de ce bouquin plus pour me prouver à moi-même que j’étais capable de lire les « gros pavés » que pour mon propre plaisir. Le titre ne m’intéressait pas plus que le dernier film Black Panther. Je ne suis pas Malien. Je me suis dit : ‘’ Que peut bien savoir un français du Mali pour vouloir en parler ? Y a-t-il vécu longtemps? Mais à la fin j’ai atteint les deux objectifs : fierté et plaisir. Une pierre, deux coups.
Neuf parties séparément titrés (L’appel – Un livre d’or et un baptême – Les mauvaises nouvelles – De l’utilité du football – Les collines du pouvoir – Le nouveau visage de l’Afrique – Eloge du fleuve Niger – Tombouctou – Hôtel Mande) forment le bouquin.
Orsenna a sûrement eu ce souci de subdivision pour ne pas perdre le lecteur en plein milieu du roman. Le livre est long, autant situer régulièrement le lecteur dans son voyage livresque. Le voyage dans les livres est comme tout autre voyage. Dès qu’on ne sait plus où on en est, ça devient ennuyeux. Dès les premiers pages du livre, Madame Bâ, personnage principal se voit confier une mission. Le Mali, sa chère patrie est en danger. Il faut la sauver, la délivrer comme elle le dit. Elle qui aimait déjà s’identifier à sainte Jeanne d’arc ne va pas passer à côté d’une telle occasion pour montrer son engagement et son amour à son Mali. Mais qu’a le Mali ? De quoi ou de qui faut-il le sauver ?
Nous sommes en 2013 et le Mali se porte de plus en plus mal. Des intégristes islamistes massacrent et exploitent les populations.Partout dans ce pays déjà en perte de vitesse, règnent la corruption, le viol, la violence, le népotisme et le laisser-aller.
Mme Bâ est une institutrice à la retraite en France. Sa mission pressante l’amène à rentrer au pays. A ses côtés, on voit son petit-fils Michel ou Ismaël selon le lieu où il se trouve. En fait, Michel fut rebaptisé Ismaël par sa grand-mère pour coller au contexte de sa mission. Un Michel dans ce contexte islamique attirerait trop l’attention. C’est donc Ismaël qui lui servira de griot dans cette périlleuse campagne. Il la suit presque partout dans son voyage, risquant maintes fois sa vie. La mission de Madame n’est pas une aventure à vivre mais un risque à prendre. Iront-ils jusqu’au bout ?
Madame Bâ est Madame Bâ et personne d’autre. Pour ma part, je déteste les gens qui se prennent pour le centre du monde et qui dans leur égoïsme prennent constamment la tête à ceux qui les entourent. Mais c’est la description parfaite de l’héroïne du roman. Le caractère de Madame Bâ est IN-SUP-POR-TA-BLE. Même son petit-fils s’en est souvent plaint. Pourtant entre les deux, c’est une histoire de famille. Si Ismaël n’arrive pas à le supporter ce n’est pas moi pauvre lecteur en quête d’aventure livresque qui le ferait. Mais reconnaissons une chose : quand Madame Bâ ne fait pas que des caprices, de précieux conseils sortent de sa bouche. L’agacement, c’est le prix à payer pour être au courant des informations qu’elle a à vous révéler.
Mali, ô mali est un roman avec un récit tout cru sans beaucoup d’ellipses. Le récit est long et considère tout jusqu’aux détails.Le narrateur change perpétuellement entre Madame Bâ et Ismaël sans en avertir le lecteur. Il va falloir être éveillé et attentif. Le style de l’auteur est forcément original pour moi. Je n’ai pas lu tant de livres où l’auteur s’est réservé un rôle en son propre nom au sein de l’histoire. En effet, dans le livre, Orsenna a programmé une petite discussion entre Madame Bâ et lui-même.
Vous lirez ce livre puis vous me direz ce que j’ai volontairement omis de vous dire. Parce que je ne vous dirai jamais tout. Jamais.
Alex K-DO