Avant note de lecture.
Salut les gourmets livresques. Aujourd’hui, je vous parle avec beaucoup de joie du roman qui fait actuellement le buzz au Bénin et qui m’a récemment fait passer une nuit blanche : «Celle qui ne devrait pas naitre» de Sèna Agbofoun !
Mais avant d’ouvrir les pages du livre, permettez-moi de dire quelques mots sur sa publication.
La spécificité de ce roman, c’est qu’il est le premier livre édité au Bénin grâce à une opération de financement participatif. Ce crowdfunding a été initiée dans le cadre du projet BuzzBook229, projet porté par l’écrivain Colince Yann auteur de La princesse du diable et de L’ivrogne de la Sorbonne.
Chaque participant à cette opération a reçu à son domicile un exemplaire du livre spécialement édité à son nom !
Étant donné le peu de soutien que l’État accorde au livre dans notre pays, j’ai toujours défendu l’idée que seule le mécénat et l’implication des communautés à la base pourrait sauver ce secteur et lui donner une vitalité réelle.
Opération réussie !
Celle qui ne devrait pas naitre : qu’on ne doit pas forcer l’amour
Titre : Celle qui ne devrait pas naitre
Auteure : Sèna Agbofoun
Éditeur : Éditions Plurielles
Année : 2018
Nombre de pages : 247.
Flora Hounton étudiante en fin de journalisme en fin de formation, vit seule à Cotonou. Sa mère et sa sœur Daphnée sont à Porto-Novo.
Elle entretient des relations un peu compliquées avec ses parents qui la trouvent « spéciale ». En fait Flora est sujette à des troubles bipolaires et a déjà pris par la case asile psychiatrique.
Cependant elle peut compter sur la sollicitude sans faille de Daphnée qui l’aime d’un amour quasi maternel et subvient à tous ses besoins alors que leur mère est beaucoup moins tendre avec elle. On saura après pourquoi.
A l’occasion de son stage académique à la radio Marine FM, elle rencontre le beau et séduisant Ishola, directeur par intérim de la radio.
C’est le coup de foudre entre les deux personnages.
Flora est amoureuse. A fond. Ishola ne peut pas se permettre ce luxe parce que fiancé ! Mais il a envie ; Flora est ce que Sony Labou Tansy appellerait un « tendre piège de chair ».
Leurs ébats sexuels sont décrits par la pétillante plume de Sèna Agbofoun et on se croirait parfois dans Cinquante nuances de Grey. p194
« Le regard obscurci par le désir, Ishola la délaissa pour rapprocher sa chaise et s’assoir entre ses jambes. (…) C’est alors qu’il posa sa bouche chaude et humide, là, exactement au cœur de son plaisir. Elle bascula dans un monde de sensations incontrôlées ».p80
J’avoue qu’à certains passages, j’ai interrompu ma lecture pour regarder la photo de l’auteure et relire sa biobibliographie en quatrième de couverture ! Waouh ! Pardonnez ma pudeur. Je ne vous dis pas tout.
«Celle qui ne devrait pas naitre» n’est pas en effet le premier livre de Sèna Agbofoun.
Elle est l’auteure de La pomme de discorde parue dans le recueil collectif La coupable du bonheur en 2011. Elle est aussi lauréate du concours littéraire African porno initié par l’écrivain béninois Florent Couao-Zotti.
La pomme de discorde, qu’il y a ici, c’est au sujet de l’avenir de leur relation. Comme dit plus haut, Flora est amoureuse et devient même enceinte de « son » Ishola alors que ce dernier lui a à maintes reprises dit qu’il est déjà fiancé et en instance de mariage avec une certaine Claire… Tout sera plus clair à la fin et ce sera sombre ! Je ne vous dis pas tout, vous dis-je !
Flora tient à Ishola et ne veut pas entendre parler d’une rivale. Surtout que…
« Ishola était un ange, un ange descendu du ciel pour la rendre heureuse, elle et personne d’autre. Flora en était convaincue. »
Or, comme avertit Sèna Agbofoun, « Une femme malheureuse est une femme dangereuse ». p136
Alors que toute perspective de vivre ensemble avec « son » Ishola, s’éloigne, Flora décide de récupérer son homme en faisant appel aux puissances des ténèbres… Objectif : se débarrasser de sa rivale une fois pour toute et prendre sa place dans le cœur d’Ishola.
Elle ne recule devant rien celle-là !
Ah amour quand tu nous tiens ! Pauvre petite Flora ! Si elle savait que par la même occasion elle, creusait sa propre tombe !
Le salaire de l’amour interdit ? Ruines, désolations, morts…
Celle qui ne devrait pas naitre : amour interdit, infidélité.
Du livre, je veux parler avec vous de deux thèmes particulièrement intéressants.
Le fil rouge du roman, c’est l’amour interdit.
Mais au fait qu’est-ce que l’amour interdit ? A l’ère du développement personnel on nous dit ; tu veux une chose ? Bats toi et prends-là. Cette philosophie n’est sans doute pas valable en amour. L’amour de Flora pour Ishola ne devrait pas naitre, ou devrait être étouffé quand il en était encore temps.
Même si l’adage dit que le cœur a ses raisons que la raison ignore, il faut apprendre à rester raisonnable et ne pas forcer le destin. L’amour donne des ailes mais il ne faut pas que son zèle détruise l’être aimé et soi avec.
L’infidélité conjugale
Ishola est infidèle à sa fiancée. Il lui fait croire qu’il prend des vacances à Accra et pendant ce temps, il passe des nuits torrides avec la stagiaire Flora.
Je pense qu’il a manqué de maitrise de soi.
Pour sa défense, Flora a des charmes redoutables, elle a un corps qui incite le désir. D’un autre coté Claire sa fiancée est moins portée sur le sexe.
« Cependant Claire n’était pas portée sur le sexe, ce qui le frustrait beaucoup. (…) Lui qui était habitué à faire des galipettes au moins trois fois par semaine, se retrouvait parfois à attendre une hypothétique fois par mois, qui n’arrivait pas toujours ».p86
Il trouve donc en Flora une occasion d’assouvir ses pulsions sexuelles.
En clair, le défaut de relations sexuelles dans une relation peut être cause d’infidélité.
A bon entendeur !
Un livre béninois à déguster et à faire déguster.
«Celle qui ne devrait pas naitre», est un roman béninois sur un plan sociologique. L’action se déroule entre Cotonou et Porto-Novo avec des lieux connus par le lecteur averti.
Les produits locaux aussi sont mis en valeur : c’est le cas des pâtes alimentaires Matanti, King of soto, Bénin Taxi etc. J’ai aimé ce côté local.
Cela dit, Celle qui ne devrait pas naitre sera lu avec le même intérêt par n’importe quel citoyen du monde, et ceci du fait de l’universalité des thèmes qui y sont traités.
Il ne s’agit pas je dois le dire d’une histoire vraiment ORIGINALE dans le fond. L’amour impossible est un thème qui a toujours inspiré la littérature et le cinéma.
La psychologie du personnage de Flora m’a laissé sur ma soif. C’est une bipolaire mais elle s’est comportée à peu près « normalement » si j’ose dire. En tous cas, dans sa lutte excessive pour conserver Ishola, dans son comportement de tous les jours, rien ne la distingue des autres personnes.
J’aurais vraiment aimé que l’auteure nous apprenne plus sur les troubles bipolaires.
Dans la forme, la construction du récit est intelligente. Je me suis laissé émouvoir par les péripéties et rebondissements.
L’auteur a un bel art de la narration. Le style est simple sans être pauvre. La plume est assurée, l’écriture limpide, le récit fluide et captivant.
Ma note 3.5 /5.
Je félicite l’auteure, Colince Yann, l’éditeur, les différents sponsors et les participants au crowdfunding.
«Celle qui ne devrait pas naitre» pour une première édition de financement participatif d’édition de livre au Bénin est à mon avis une totale réussite, tant au niveau de la qualité de l’œuvre que de sa diffusion et de toute la stratégie marketing. Cette réussite motivera certainement plus de gens à participer aux prochaines éditions. Vive Buzzbook229 ! Ensemble, « faisons du livre, l’opium de tous ».
Revenons au livre pour finir.
Avez-vous participé à son financement ? L’avez-vous déjà lu ? Quelles sont vos impressions ?
Livresquement, Désiré Godonou.
Merci pour ce bel compte rendu. Mes impression mon Dieu ! Ça a rapport au titre. *Celle qui ne devait pas naître*… La grossesse de Flora devait être tout simplement avortée. Elle ne devait pas naitre. Sa destinée ne devait pas croiser le mot <> Hélas!C’est ce que j’ai fini par comprendre…L’auteure me dira si j’ai tort ou pas. C’est une plume émotive. Trop d’émotions. Merci encore à l’auteure et à Colince Yan qui ont su nous inviter de la manière la plus noble à ce festin de mots.
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Merci pour ce bel compte rendu. Mes impressions… mon Dieu ! Ça a rapport au titre. *Celle qui ne devait pas naître*… La grossesse de Flora devait être tout simplement avortée. Elle ne devait pas naitre. Sa destinée ne devait pas croiser le mot Hélas!C’est ce que j’ai fini par comprendre…L’auteure me dira si j’ai tort ou pas. C’est une plume émotive. Trop d’émotions. Merci encore à l’auteure et à Colince Yan qui ont su nous inviter de la manière la plus noble à ce festin de mots.
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Merci
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Je pense qu’il faut à tout prix que je déguste ce roman qui, ma foi, m’a vraiment intéressé rien que par ce que j’ai entendu à son Propos. Désiré, tu as fais un travail de maître par ce compte rendu. Tu as un don inestimable. Courage.
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Comment je peux acheter ce livre en line. Chui à l’étranger
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