Fautes sur les actes administratifs : De l’urgence de recruter des correcteurs

Fautes sur les actes administratifs : De l’urgence de recruter des correcteurs

Bonaventure Agbon 1

Quand je suis face à une personne qui commet des fautes ou erreurs de « français », je me dis que c’est la faute à la précipitation, c’est le propre de l’oralité. Quand aussi je tombe sur un jeune au speech saccagé, pour ne pas dire gavé de fautes, je me montre clément envers lui sachant qu’il est le disciple d’une école en ruine. Quand par ailleurs dans un journal je bute sur des fautes, quel que soit leur gravité, j’argumente que c’est le péché de la précipitation, surtout quand je sais dans quelles conditions les journaux fonctionnent la nuit. Il n’est pas facile de bloquer le chemin de l’imprimerie à une faute quand on est sous les caresses du sommeil, ou en proie à la fatigue et aux affronts des moustiques. Quoiqu’on dise, quelles que soient les excuses, une faute garde son statut de faute.

Toutefois je n’arrive toujours pas à comprendre comment des ministres, préfets, maires voire des députés posent fièrement leurs sceaux sur des actes, décrets, arrêtés troués de fautes et d’erreurs. Le dernier en date est le courrier du Ministre de la Justice, du 24 août à l’attention du Ministre de l’intérieur en vue de l’annulation des passeports de trois personnes impliquées dans des affaires pendantes devant la Justice. Dans cet acte, deux fautes sont répréhensibles et devraient amener les rédacteurs à réfléchir. En effet, on y lit : « Je vous saisi… » et « Komi Kountché ».

Annulation passeport

Décryptage :

1- « Saisir » est un verbe du 2e groupe. Le présent de l’indicatif donne « Je saisis/Tu saisis/il saisit, » etc. Le ministre devrait donc dire « Je vous saisis.. » puisque le sujet ici est bien sûr « je ». Il y a donc un « s » amputé qui blesse la langue française, qui enfreint la conjugaison.

2- Sauf preuve du contraire, l’ancien argentier national devrait être déjà sur les nerfs en lisant que dans la demande d’annulation de son passeport, une mauvaise nouvelle d’ailleurs, son précieux nom a été encore mal orthographié. Le ministre devrait écrire « Koutché » plutôt que « Kountché ». Il y a donc un « n » de trop qui pourrait amener celui que nous connaissons à arguer qu’il ne s’agit pas de lui dans la lettre du Ministre Quenum.

De pareils coups contre la langue de Molière, qui sentent légèreté et bricolage, il y en a tellement qui parsèment les actes officiels à qui on devrait tout reprocher sauf des fautes. Ces actes, à notre sens, devraient être crédibles et esthétiques aussi bien dans la forme que dans le fond. Sinon, n’est-ce pas scandaleux dans un pays où le « Fon » est la langue la plus véhiculaire mais où on placarde pompeusement dans la Constitution que c’est le Français, langue officielle ? En attendant d’abolir notre extraversion linguistique vieille de plus de 58 ans, parlons et écrivons bien français.


Par Sêmèvo Bonaventure AGBON, journaliste.

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