Depuis le mois de juillet, les élèves et enseignants béninois savaient quels sont les ouvrages qui seront utilisés en classe pour les deux prochaines années scolaires.
Ceci a été rendu possible grâce à l’arrêté N°097/MESTFP/DC/SGM/DESG/DETFP/DIPIQ/SA/084SGG18 portant liste officielle des manuels scolaires autorisés pour les années scolaires 2018-2019 et 2019-2020.
Je voudrais saluer la publication, de bonne heure du document. Les personnes concernées auront eu toutes les vacances scolaires pour se procurer les ouvrages en question et en commencer l’étude.
Dans cet article, je parle de ce que j’ai la prétention de maitriser le plus : les œuvres littéraires.
En voici la liste complète. Mes remarques suivront.
Nouvelle liste des Œuvres littéraires au programme de Français
Classes de sixième
– Pourquoi le bouc sent mauvais et autres contes du Bénin de Raouf Mama.
– Le médecin malgré lui de Molière.
Classes de cinquième
– YÈMI OU LE MIRACLE DE L’AMOUR d’Adélaïde Fassinou
– LE PAGNE NOIR de Bernard B. Dadié
– Le malade imaginaire de Molière
– Perles d’Emotion de Marcel-Christian OGOUNDELE
-Le mortier rouge de Eustache Prudencio
Classes de quatrième
– La secrétaire particulière de Jean Pliya
– L’enfant et la rivière d’Henri Bosco
Classes de troisième
Serment d’abstinence de Laleye Abdel Hakim Amzat (LAHA)
– LA NAISSANCE DU FA, L’ENFANT QUI PARLE DANS LE VENTRE DE SA MÈRE de Mahougnon Kakpo
– Le Cid de Pierre Corneille
Classes de 2nde toutes séries confondues:
– Le rêve étranglé d’Eustache Prudencio.
– Les essais de Montaigne
– Le gong a bégayé d’Apollinaire AGBAZAHOU
– Les fables de La Fontaine
– Pour une poignée de gombos de Adonon Sophie.
Premières A et B, C et D
– L’affaire Bissi, Il y a mieux que la neige de Barnabe-akayi Aavito Daté
– Candide de Voltaire.
Premières C et D
- Il était une fois la crise : Nouvelles [texte imprimé] / Agboho Glèlè, Roger Ikor,
En terminale A1, A2 et B.
– Une si longue lettre de Mariama Bâ
– Les Tresseurs de corde de Jean Pliya
– Les rayons et les ombres de Victor Hugo
– Le lion et la perle de Wolé Soyinka
– L’homme dit fou et la mauvaise foi des hommes de Florent COUAO-ZOTTI.
Les points positifs
- la diversité des genres littéraires
Dans cette liste presque tous les genres littéraires sont représentés : romans, poésie, nouvelle, théâtre, conte…
Cela permet aux apprenants de gouter aux saveurs livresques sous toutes les formes et aussi de s’essayer dans le genre qui leur plait le plus. J’imagine des élèves s’essayer au théâtre après avoir étudié : Le chroniqueur du Pr de Barnabe-akayi Atavito.
En tant que poète, je voudrais que des élèves après avoir lu Perles d’émotions, de Marcel Ogoundélé dont j’ai aimé le Tu leurs diras, commencent à transcrire leurs émotions en vers.
- la diversité des thématiques
Politique, société, culture, tous ces aspects de l’Homme sont représentés. Permettant aux élèves d’avoir une vision plurielle du monde.
- une femme de plus au programme
Avec son roman Yèmi ou le miracle de l’amour, Adélaïde Fassinou emboite le pas à Sophie Adonon et devient la deuxième femme béninoise inscrite au programme scolaire de son pays.
J’estime que la voix des femmes doit se faire de plus entendre, non par pur formalisme paritaire mais parce qu’elles ont de la qualité.
- une part belle aux livres béninois
La littérature est certes universelle mais qui mettra en valeur nos œuvres littéraires mieux que nous ? L’essentiel des œuvres littéraires au programme provient des plumes d’écrivain.e.s béninois.e.s. Connais-toi toi-même a dit Socrate. Ici on dira lis-toi, toi-même !
Malgré tous ces aspects positifs, l’arreté2018 N°097/MESTFP/DC/SGM/DESG/DETFP/DIPIQ/SA/084SGG18 portant liste officielle des manuels scolaires autorisés pour les années scolaires 2018-2019 et 2019-2020 comporte de nombreuses insuffisances qui à mon avis qui n’est pas du tout humble, gagneraient à être revues. Il s’agit notamment de :
- le caractère non contraignant de l’arrêté
Dans le titre de l’arrêté on parle bien de « manuels scolaires autorisés ». A mon avis, « autorisés » implique qu’un choix précis et rigoureux a été fait et assumé.
En d’autres termes, par cet arrêté le ministère en charge de l’enseignement secondaire, obligerait les enseignants à utiliser les documents en question.
Autoriser signifie en effet : permettre, admettre, tolérer.
Pourtant dès l’article 2, autoriser est remplacé par « retenus ». Et dans la suite de l’arrêté, ces deux mots font place à « recommander ».
C’est ainsi qu’on lit par exemple « ouvrages recommandés en français ».
Autoriser et recommander ne sont pas synonymes !
Vous me direz que ce ne sont que des mots et que j’en fais trop. Eh bien non.
Les enseignants ne sont pas obligés d’étudier avec leurs élèves les livres retenus dans l’arrêté. Puisque une recommandation n’est pas contraignante. Elle est consultative.
Tous les élèves n’auront pas la chance d’étudier Le chroniqueur du Pr , ni Serments d’abstinences de Laleye Abdel Hakim Amzat, ou encore Une si longue lettre de Mariama Bâ !
Je le sais parce que depuis deux ans, que Pour une poignée de gombos de Sophie Adonon est au programme, beaucoup d’élèves de la classe de seconde ne l’ont pas étudié.
Pourquoi mettre des ouvrages au programme si on ne s’assure pas qu’ils seront VRAIMENT lus et étudiés par la cible ?
- Trop de livres peuvent tuer la lecture.
C’est connu les jeunes lisent de moins en moins et les œuvres au programme n’échappent pas à ce phénomène.
J’ai des camarades de classe qui n’ont lu aucun livre au programme scolaire, pour des raisons diverses certes.
Chaque année, des élèves me sollicitent pour les aider à faire des exposés portant sur des livres au programme.
Dans presque 100 pour cent des cas, ils n’ont pas lu l’ouvrage en question.
Quand je les renvoie à la lecture, ils se rabattent sur internet, et copient aveuglement les chroniques parfois écrites par moi ou mes collègues blogueurs littéraires, quand il s’agit de livres béninois.
Mais je trouve que plus, il y a de livres à étudier, moins les enseignants seront motivés à cette tâche.
L’arrêté a recommandé cinq ouvrages pour la classe de Seconde et quatre pour la Cinquième.
Connaissez-vous un seul enseignant de français qui ait le temps de faire étudier tous ces livres à ses élèves, alors qu’on sait bien qu’un cours de français n’est pas un club de lecture et qu’il n’a pas qu’une seule classe en charge ?
Pour que l’arrêté soit vraiment efficace, je proposerais que par classe il soit retenu un seul ouvrage littéraire, à étudier.
- La période de validité de l’arrêté
Je pense que les ouvrages au programme sont trop vite changés.
Deux ans, c’est peu.
On a l’impression que pour faire plaisir à tous les écrivains, et leur permettre d’avoir le PRIVILÈGE d’être inscrits au programme, le ministère modifie tous les deux ans la fameuse liste.
J’aimerais par exemple savoir pourquoi un livre comme » Les fantômes du Brésil » de Florent Couao-Zotti est déjà retiré du programme après seulement deux années scolaires.
Ce serait d’ailleurs intéressant que le ministère communique sur la logique et les critères qui fondent la sélection des ouvrages ou des auteurs…
Je pense que l’arrêté devrait être valable pour cinq ou dix années scolaires.
Cela permettrait à toute une génération d’élèves d’avoir des repères et des références littéraires communes.
Voici pour finir mes propositions pour la promotion du livre et de la lecture en milieu scolaire :
- Faire éditer par le Centre national de production de manuels scolaires, les œuvres au programme, et les subventionner afin que la majorité des élèves puissent les acquérir et les lire. (S’inspirer de Laha éditions qui vend ses livres à 1000 F voire 1500 F).
- Instaurer la lecture comme cause prioritaire nationale et trouver le moyen de ‘ contraindre les élèves à vraiment lire, en intégralité un ouvrage littéraire au programme
- équiper les bibliothèques scolaires des manuels scolaires.
Eurydoce Désiré Godonou
Spécialiste de l’information documentaire
Tu as eu les mots polis pour cet article. Et j’achète cette positivité qui te caractérise. Les livres actuels ont des failles à plusieurs niveaux. En dehors de ceux qui sont remplis de fautes, il y a la surcharge que tu as bien souligné. Vivement qu’ils t’ecoutent toi car nous, nos voix ne comptent pas.
J’aimeAimé par 1 personne
On croise les livres. Rire.
J’aimeJ’aime
Refléchi et fouillé comme article.
J’ose croire que les acteurs concernés vont prendre la mesure des choses .
Il parait qu’ils ne lisent que ce qui leur tombe sur le crâne comme un coup de fouet!
J’aimeJ’aime
Merci ! Comme l’a dit Casimir, tu as fait dans la politesse. Et c’est bien ! Je ne savais pas si je pouvais prendre le clavier par ce bout-là, si poli. C’est pour cela que depuis j’ai pas écrit alors que j’ai bien de dents (les 32, pour être précis) contre cette liste.
J’aimeJ’aime
Merci Eurydoce. Vraiment merci.
J’aimeJ’aime
J’espère qu’ils liront tous ce post. Ces cons de dirigeants.
J’aimeJ’aime
Très super, jai également fait une production sur l’œuvre du Professeur Mahougnon KAKPO : La Connaissance de Fa. Je me suis concentré sur les chapitres 3, 4, et 5.
J’ai développé plusieurs autres thématiques et j’ai émis quelques critiques littéraires.
Si vous n’avez jamais lu mes productions, voici l’opportunité.
Vos commentaires sont les bienvenus !
NB : C’est un peu long, mais intéressant !
Introduction
Un peuple sans histoires peut-il se développer ? Un questionnement qui s’adresse à tout homme ébloui de connaissances, mais ignorant celles de ses origines. Oui, féru des arts historiques, détenteurs de connaissances sur les civilisations d’autres continents, des connaissances qui limitent la connaissance de soi, et cela constitue un véritable goulot d’étranglement à l’émergence de notre continent, notre Afrique. Alors, il serait plus honorable d’aller à la quête de la vérité, cette vérité racontée par un digne fils africain, un originaire, pas un étranger, pas un ignare, pas un manipulateur, ni déformateur de l’histoire. Et comme l’enseigne la philosophie, on ne peut accepter une vérité quelconque sans la passer au crible de la raison, nous nous référons à la « science ».
La défense de la science africaine est d’une importance capitale pour tout peuple de ce continent qui aspire à la connaissance et la valorisation de ses valeurs et richesses culturelles. C’est dans cette vision que notre romancier, Professeur Mahugnon KAKPO à travers sa plume vivifiante nous retrace l’histoire en expliquant de façon concrète les faits et les concepts. Rappelons que l’auteur n’est pas à la genèse de ce travail, car, il faut le dire, ceci est le fruit d’un travail acharné de plusieurs années d’études et de recherches scientifiques. Je vais ainsi, à travers ce travail décortiquer du chapitre 3 au chapitre 6 du roman : La naissance de Fa.
Récit 3 : De la sagesse de Fa Aïdegun au Vodun(pp. 73.83)
Ce passage retrace l’historique relatif à la naissance du Fa en question. Nous retrouvons Tata, le personnage Héros du récit, qui dispose assez de connaissances mystiques. Il est l’enseignant, l’éducateur, celui qui transmet l’information. Le dernier paragraphe de la page 82 nous instruit sur le Fadu. Nous avons au total 16 Fadu, dont le Du encore désigné par les termes : Dun, Odun. Ce qui capte surtout notre attention est la combinaison des 16 Fadu, qui donne 256 autres parmi lesquels 240 dérivés, sont les archétypes, les principes primordiaux. Alors, cette complexité montre la profondeur des réalités mystiques, si non, comment comprendre que l’on puisse partir de 16 Fadu, et qu’après une combinaison dont l’auteur n’explique pas le processus à 256. Par curiosité, nous avons fait un calcul et voici : 16 x 16 = 256. Etonnant, n’est-ce-pas ? Pourquoi trouve t-on la racine carrée du nombre de Fadu (16 x 16 = 256) après la combinaison ? Autant d’interrogations auxquelles nous cherchons toujours d’explication.
Il y a quelques mots difficiles, dans certains passages intéressants, et donc, nous sommes allés chercher dans le dictionnaire, et voici :
Circonlocution : circuit de paroles dont on se sert quand pour une cause ou une autre, on ne veut point exprimer une chose directement.
Equanimité : égalité d’âme.
Archétype : type d’après lequel est fait un ouvrage.
Revenons à l’analyse du contenu de notre récit. Tout au début du chapitre 3, il s’agit de l’auteur qui parle, avant d’introduire le narrateur. Tata, le narrateur du récit n’a prit la parole qu’après une interrogation de Favi, très curieux… à la page 74, premier paragraphe. Faisons une pause, et faisons une différence cruciale entre l’auteur et le narrateur. Dans notre contexte ici, l’auteur est celui qui a fait un ouvrage de littérature, et donc est représenté par la personne du Professeur Mahougnon KAKPO; tandis que le narrateur est celui qui raconte quelque chose, une histoire, et donc représenté ici par le personnage Tata. A la page 78 de notre œuvre, le narrateur a fait recours a un procédé assimilé à la mise en abyme, c’est-à-dire, raconter une histoire dans une autre. D’après notre analyse, il l’a fait afin de mieux illustrer son explication aux enfants, car selon lui, leur raconter une histoire similaire à la situation en vogue pourrait leur permettre de mieux comprendre, de comparer les faits et tirer une conclusion identique.
Par ailleurs, notons qu’il y a une forte utilisation des proverbes, nous pouvons en citer quelques-uns :
Le caméléon parvient toujours au faîte d’un arbre, même en empruntant les branches les plus tordues (p. 74)
Malade, le kapotier ne meurt pas au bout d’un an (p. 80)
Il y a pourtant une contradiction apparente entre les propos de l’auteur et les faits du narrateur, et nous allons la démontrer de par leurs dires. Dans le premier paragraphe de ce chapitre 3, l’auteur en parlant du narrateur dans la dernière phrase dit « Il se rappela cet enseignement des ancêtres : On n’éduque pas un enfant avec des proverbes, encore moins avec des incantations ». Pourtant, le narrateur, dans sa prise de parole a utilisé plusieurs fois des proverbes, en témoignent les quelques exemples suscités.
Du point de vue de la forme, les paragraphes sont bien ordonnés, les phrases aussi courtes que possibles pour une bonne compréhension du message véhiculé. Par ailleurs, l’image sur les pages 76-77 montre clairement Ifa, le malheureux, le plus pauvre vêtu d’une tenue délabrée, une goutte de larmes, triste, les bras croisés de par-dessus les épaules, les coudes posés sur les pieds croisés, un bol vide à côté, comme un mendiant qui quémande, un passant, les deux mains chargés de sacs remplis de quoi on ne sait, et qui regarde le pauvre avec un air bizarre, un regard de pitié et de questionnement intérieur…
L’image à la page 79 illustre la petite histoire de Ifa en plein milieu de la forêt, la verdure du paysage, les hautes herbes, les arbres alignés par taille, petit comme grand, dont les feuillages formes un nuage vert planant ainsi au-dessus de Ifa, qui voulant se suicider, la corde déjà attachée à l’arbre, les deux pieds droits, avançant la tête vers la corde, aperçut le lépreux, les mains déformées, pourtant serrant avec toute ses forces la peau de banane qu’il mangeait goulûment, mais avec quelles dents, à peine arrivait-il à mâcher cette peau de banane. Cependant, on pouvait lire à travers son air joyeux ses sentiments d’avoir pu au moins goûter cette peau de banane, et pire, ce dernier n’avait pas les pieds, il n’avait que des jambes, aurait-il rampé pour se retrouver à cet endroit en ce moment exact ? Un miracle, une coïncidence ?
L’image à la page 81 montre Ifa, vêtu d’un boubou bleu sans manches, avec un chapeau bleu, des perles de couleur marron au cou et des bracelets de couleur marron aux mains, assis sur un drap de couleur marron, les jambes écartées, les regards posés dans les cieux comme s’il voyait une scène qu’il regarde avec admiration, les dents d’une blancheur éclatante, un sourire magnifique aux lèvres, une main élevée au niveau de ses épaules, un peu comme pour souhaiter des bénédictions… ; bref, il s’agit du même personnage qui voulait se suicider et qui était assis comme un mendiant, certes, il a retrouvé son embonpoint, il est plus beau et plus respectable. On peut voir une jeune femme, à genoux devant le devin, tenant dans sa main gauche certainement une amande de palme à qui elle parlait avec émotions et croyance. De l’autre côté de l’image se trouvent d’autres patients formant un rang, ils seraient certainement venus pour consulter le Fa, un peu comme la dame décrite dans les lignes précédentes.
Nous retenons de ce chapitre que le Fa n’est pas un hasard, mais plutôt une réalité, une réalité qui laisse à croire qu’il s’agisse d’un hasard, s’il faut tenir compte des circonstances dans lesquelles Iku (âme, esprit, double) apparaît à Ifa avant qu’il ne devienne le devin de Bêni, (pp. 78 – 80). Nous allons conclure l’étude de ce chapitre à travers les noyaux de la parole de Iku d’Ifa :
« Bêni » en Yoruba qui signifie « voilà enfin notre vœu, notre souhait », nom de l’ancienne civilisation du Bénin, qui jusqu’aujourd’hui n’a pas perdu son sens. D’autres mots (Ifa, Ofa, Ikpo-Ori, Vodun) sont à découvrir sur les pages 82 et 83.
Récit 4 : Fa ou l’amande de palme (pp. 85.94)
Dans ce passage de l’œuvre, il est question de Xèvioso Shango et de Fa. Une histoire de famille, une histoire de frères. Il a fallut que les enfants viennent importuner Tata, afin qu’il ne puisse leur raconter l’histoire en question. Nous notons dès le début de ce chapitre l’esprit de curiosité de ces enfants, particulièrement Gnilété qui à la page 90 posa une question très pertinente à Tata. Notre Gnilété aimerait savoir comment un être impotent, qui ne pouvait marcher pourrait doter de plus de puissance qu’un être qui dispose d’une force exceptionnelle et redoutable, capable même survoler la terre et les mers, car étant un oiseau pyrogène, et pouvait au-delà de tout ceci émettre feu et flammes par la bouche afin de brûler des maisons. Ici, le premier être impotent énoncé est le Fa et le second avec tous les qualificatifs est le Xèvioso Shango. Eh oui, nous disions au début qu’il s’agissait d’une histoire de famille, et donc ce qui a tout déclenché est la trahison. Oba Shango, ne pouvant se maîtriser devant ses exploits, la force dont il disposait et son égo l’emportèrent, puis il brisa les règles, il dévoya et perdit tout contrôle. Nous pouvons assimiler cette situation aux réalités que nous vivons de nos jours. Lorsqu’on a une parcelle de pouvoirs, on n’en abuse de trop et on oublie ses origines et ses valeurs. On dirait que c’est un défaut commun aux êtres humains, qui par manque d’humilité se laissent aller très facilement, seulement qu’ici, il s’agit des divinités : Devrions-nous donc comprendre que les divinités ont également leurs faiblesses ? Oui évidemment !
Du point de vue de la forme, les paragraphes sont bien ordonnés, les phrases aussi courtes que possibles pour une bonne compréhension du message véhiculé. Nous notons aussi le dialogue entre les interlocuteurs, qui est marqué par des tirets.
Par ailleurs, l’image sur les pages 86-87 montre le personnage Tata, assis, les jambes allongées vers l’avant, un vieil homme barbu, vêtu d’un long boubou dont la couleur marron marie avec la couleur de ses chaussures. Il avait l’air de quelqu’un qui essayait de calmer une tension, car faut-il jeter un regard autour de lui et constater la présence des enfants, très assoiffés de ses paroles. Sur l’image, nous voyons 4 enfants, dont trois garçons et une fille. Sans être féministe, c’est déjà dès le bas-âge que la gente féminine est sous-estimée, cachée derrière les rideaux, identité voilée, si non, dites-nous, une seule femme parmi 4 hommes. Elles sont cependant celles sensées apprendre de ces vieux, car sont les donneuses de naissance et l’essence de vie. Comment pourrions-nous conserver notre histoire, nos valeurs sans impliquer la femme ? Bref, c’était une parenthèse !
L’image sur la page 88 montre la divinité Xèvioso dans toute sa splendeur. Dans les airs, au-dessus des hautes herbes, robuste, tel un bon sportif, on pouvait remarquer le bombement de ses gabaries et sa poitrine. Oh non, il faut dire que c’est un homme physiquement fort, puissant. Il tient dans sa main droite le So Siovi, la hache dont il se sert pour châtier les coupables. Il porte une banderole au front, puis une perle au cou. Il est en pleine action, entrain d’émettre du feu par sa bouche sur un homme, un homme qui aurait certainement commis un acte qui mérite cette punition.
La toute dernière image de ce chapitre montre le combat entre Xèvioso et Fa. Fa qui se glissa dans les amandes de palme, tout rouge. On pouvait lire de la méchanceté, de la haine, de la vengeance, du regret, tout ceci traduisant la faiblesse de Xèvioso à rendre le coup à Fa. Il était vaincu et sans mots, la bouche bée et une position de « qu’est-ce-que je peux bien lui faire pour le faire taire ou avaler ses mots ou regretter de m’affronter » ? Avec la hache en main, il est dans l’impossibilité de réagir, de faire quoique ce soit avec tout ce dont il dispose comme forces, il ne pouvait ni voler, ni utiliser sa hache, ni utiliser ses gabaries, quel dommage !
Soit ce passage :
« Vois-tu, je suis immortel. Lorsque le feu s’aventure dans le royaume de l’eau, il n’y revient plus. C’est un mauvais présage que de rencontrer Yéké, car je suis le buffle qui est dans la grande sylve. A partir de cet instant, tu ne me verras plus jamais. Je serai partout et nulle part. Je suis la Vie et le Soleil qui éclaire les maisons et ajourne la mort ».
Notons que ce passage vient tout juste après le chant de Fa.
Nous remarquons la présence des êtres vivants qu’on pourrait repartir en trois groupes : les êtres végétaux, animaux, et minéraux.
Premièrement, nous avons la « sylve » qui se développe dans les bois, donc être végétal. Ensuite, nous avons le buffle, un être animal. Enfin, nous avons l’eau qui représente l’être minéral. C’est fantastique la manière dont l’auteur par l’union de tous ces êtres a pu transmettre son message en sept phrases. L’auteur a utilisé plusieurs figures de styles. Il dit « le feu s’aventure dans le royaume de l’eau », or le feu et l’eau sont deux éléments qui s’opposent radicalement. Ajoutons « Je serai partout et nulle part ». Comment peut-on être partout et nulle part dans le même temps, c’est tout un paradoxe !
De ce même passage, nous pouvons déduire la puissance de la pensée positive, la ferme croyance que nous sommes invincibles. C’est le caractère dont a fait montre Fa dans chacun de ses propos. Il a déjà par la magie et l’énergie de ses mots, choisis avec élégance, vaincu à 90% son adversaire, qui est le Oba Shango. Alors, l’auteur è travers ce passage démontre combien un être aussi impotent, ne pouvant même pas se déplacer a pu gagner le combat avec cet être puissant. On peut déduire que la puissance n’est pas que physique, c’est de la magie, de l’invisible, du mystère, de la pensée, de l’intelligence, de la vision, de la conviction, de la vision, de la croyance, de la fermeté. Qu’adviendrait-il si seulement le Fa s’était sous-estimé et reconnaissait être faible devant Oba Shango ?
Nous avons toujours un questionnement, si évidemment, cette histoire est réelle, pourquoi aujourd’hui, nous avons des adeptes de Xèvioso et des adeptes de Fa. Est-ce que ces deux entités vivent chacun selon leurs croyances ? Cette guerre persiste-t-elle toujours de nos jours ? Ou bien ce ne sont pas les des mêmes divinités ceux que nous avons aujourd’hui dans notre société ?
S’il faut se base sur ce que nous révèle ce chapitre, on pourrait dire que Mawu (Dieu) ne reconnait plus Oba Shango comme fils, et que c’est le Fa qui est le digne fils et représentant de Mawu sur la terre. Si tel est le cas, Xèvioso aurait-il son royaume, sa famille à part ? N’y a-t-il plus aucun lien de fraternité entre Xèvioso et Fa ? Autant de questionnements dont les réponses ne sont point révélés dans le chapitre 4 que nous venons d’étudier.
Récit 5 : Les épouses de Fa (pp. 95.106)
Le chapitre présent, constitue le dernier faisant objet de notre travail. Il s’agit cette fois-ci d’une histoire très intéressante, qui scientifiquement prouve la réalité des faits que nous vivons dans nos sociétés. Nous en viendrons dans les prochaines lignes de ce développement. Le chapitre 5 commence par un dialogue entre Tata et Sosumasédé qui après a rendu un service à Tata. Ce dernier voulait le récompenser, mais ne disposant pas des moyens pour le faire, le jeune garçon, petit sage, demande à ce qu’on lui raconte une histoire. De ce petit passage, nous pouvons tirer la conclusion qu’il est bien de récompenser ou d’être reconnaissant envers quelqu’un qui nous rend un service, ce qui n’est pas le cas de nos jours, surtout quand ce sont le parents géniteurs qui commandent leurs enfants, ils se réclament le droit d’être les parents et se refusent de féliciter les enfants, ce qui blesse l’enfant, le frustre, et le désapprend ; il pense que c’est l’idéal. Etre parent n’est pas synonyme de ne pas cultiver l’humilité. Et c’est cette humilité que nous a montré le narrateur depuis le début de notre étude, et cela n’a point empêché qu’il soit le Sage, respecté de tous les enfants du village.
Entrons dans le vif du sujet. Le narrateur a plongé ses interlocuteurs dans un monde de réflexion poussée avant de débuter son histoire, certainement pour qu’ils puisent mieux comprendre les faits à leur raconter.
Soit la phrase suivante, tirée de la page 97 de notre œuvre : « A votre avis, entre une femme qui vient nouvellement d’accoucher et celle qui a mis les mains à terre, laquelle regarde le mieux son mari ? »
Il a codé certaines de ses expressions « mettre les mains à terre » qui signifie chez une femme « avoir ses menstrues » et « regarder » qui signifie désirer. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit des enfants, et ce qui est sage de sa part est qu’il a maintenu le me même rythme jusqu’à la fin, sans leur expliquer de fond en comble ce que veulent signifier réellement ces expressions. Mais est-ce l’idéal ? C’est un questionnement nécessaire, puisqu’aujourd’hui, nous faisons face à une génération d’enfants trop curieux, qui découvrent certaines choses par eux-mêmes, ignorant les graves conséquences qui se cachent derrière. Est-ce de leurs fautes ? L’avènement des mass-médias, et l’évolution du monde a eu un grand changement sur le comportement des enfants. Devons-nous continuer à parler de sujet tabou en ce 21ème siècle ? Ne serait-il pas bien de revoir nos systèmes de communication avec les enfants ? Avançons dans notre étude du chapitre 5.
L’histoire racontée par Tata concerne ses deux femmes. Les noms des deux femmes sont à notre avis très bien choisis par l’auteur : Xwefa et Zojêxwe. Il faut dire qu’avant qu’il y ait cet incident accidentel, il y avait la paix dans ce foyer, comme l’indique le dernier paragraphe de la page 98. L’élément perturbateur n’apparaît que lorsque Fa consulta son oracle et se rendit compte qu’un malheur allait frapper sa famille. Faisons une petite analyse à ce niveau. Après consultation et réponse de l’oracle, Fa n’a rien dit à qui que ce soit, même pas à ses femmes. On n’aurait pas une suite pareille de l’histoire s’il avait informé l’une des deux femmes ou les deux. La leçon à tirer est que ce ne sont pas toutes les nouvelles qu’on annonce vulgairement. Aussi, les hommes polygames devront savoir qu’ils doivent avoir le même amour pour leurs femmes, et éviter à tout prix la discrimination, éviter de semer la jalousie, la comparaison qui conduit à la discorde. Ils doivent donc promouvoir la paix et la joie, la bonne communication dans leur foyer.
De l’autre côté, on remarque la bipolarité de la gente féminine. Devant cet incendie, qui n’est qu’un incident accidentel, chacune des deux femmes étaient face à un dilemme, un choix devait s’opérer, laisser Fa, qui n’a point les pieds pour se déplacer, se consumer entièrement par le feu. En réalité, c’est à ce niveau que nous commençons par parler de mesure du degré d’amour de la femme pour l’homme. La leçon ici est que c’est la femme qui vous aime qui est prête à se sacrifier pour vous. Dans le cas de la présente étude, Xwefa n’est pas celle qui devait normalement prendre ce risque, puisqu’elle pouvait dire qu’elle a un enfant, et que si elle n’arrivait pas à s’en sortir, l’enfant deviendra une orpheline de père et de mère. Elle a prit le risque de braver ce feu ardent pour sauver la vie de son mari, et c’est ce que nous conseillons à tous, car dit-on « c’est au jour du malheur que l’on reconnait ses vrais amis ». Ce qui cloche est la fin de l’histoire. Pourquoi rendre le verdict aussitôt secouru de cet incendie. Pour un homme sage de son rang, Fa ne pouvait-il pas procéder autrement ? Avait-il besoin de la répudier telle une femme ayant commis l’adultère ? Et si c’était les deux femmes et l’enfant qui se retrouvaient au milieu de ce feu et que Fa n’avait la possibilité de faire un seul choix, qui choisirait-il ? Serait-ce Xwefa, Zojêxweji ou sa fille ? Nous n’essayons pas de défendre la deuxième femme répudiée, mais elle méritait une seconde chance. Procédons à un exercice de visualisation rétrospective et ramenons l’histoire comme si elle devrait commencer à nouveau, sachant bien que les deux femmes, y compris les villageois soient déjà au courant, et voyons ce qu’il adviendrait, peut-être même que Fa ne serait pas dans cette chambre et se laisser brûler, peut-être que la deuxième femme voudra être la sauveuse du mari, peut-être que Xwefa ne serait pas sur les lieux de l’incendie, ou que même la fille ne se rend pas compte et par amour pour son père informe sa maman de l’absence de ce dernier. C’est tout une confusion, et tout se résume au véritable amour et l’ignorance. Et c’est pour cela qu’il faut beaucoup communiquer dans les foyers. La communication est le pilier de tout foyer qui voudrait vivre dans la paix. Similairement à cette histoire, prenons le cas de Jésus et ses disciples. Jésus avant qu’il ne soit crucifié disait à ses disciples ce qui allait arriver, mais ils n’y crurent pas, ce n’est que le jour ou les soldats sont venus l’arrêter qu’ils se rendirent comptent que c’était une prophétie, et Pierre qui disait ne jamais renier Jésus l’a fait publiquement et trois fois de suite, pour finir avec des pleurs. Dirions-nous que Pierre n’aime pas Jésus ou n’aimerait pas prendre sa défense ? Mais non, c’est une affaire très complexe ; et Jésus n’a pas pour autant blâmé Pierre, ni les autres pour cela, il les a contrairement pardonné et prié pour eux. Et donc Fa serait-il rancunier ? Fa ne pardonne-t-il pas ? Fa prend juste des décisions ? Quelles sont les valeurs et vertus de Fa à part ce qu’on lui reconnait « Prédiction de l’avenir ».
Conclusion
A la lumière de tout ce qui précède, nous félicitons l’auteur de ce livre, qui a su bien relater certains faits marquant l’histoire de la naissance des divinités en Afrique, précisément au Bénin. Il s’agit de récits qui nous amènent à penser autrement un avenir autre que celui rêvé, en étant ignorant de ces faits du passé. Par ailleurs, nous avons étudié du chapitre 3 au chapitre 5, et nous pouvons retenir un seul mot qui revient à chaque fois « la sagesse ». Seul celui qui détient la connaissance pourrait devenir sage, mais celui qui est sous-informé marche sur la terre sans sol, sur la mer sans eau, dans le ciel sans nuages. Il ne sait ni d’où il vient, ni ou il va, perdu et se laisse guider par les vicissitudes de la vie. Nous demandons à tous de lire cette œuvre dans son entièreté, et surtout opiner, et faire des critiques profondes, creuser au fond afin que l’auteur puisse sortir le TOME 2 en réponse à ces questionnements comme ce fut le cas de ce présent exposé. Il y a autant de questionnements, des doutes non résolus et des passages qui rendent dubitatif le contenu.
Nous allons pour conclure donner un exemple concret à travers un questionnement. Est-ce du même Ifa, le pauvre malheureux dont parle l’auteur dans le chapitre 3 qui est le même aux chapitres 4 et 5 ? Si non, le Ifa que nous avons connu dans le chapitre 4 n’est pas estropié, et l’image sur la page 81 montre clairement Ifa, assis et ses deux pieds bien visibles. Très étonnant donc de voir Fa à la page 99 et la page 105 debout, mais sans les pieds, on ne voit que ses jambes. A quelle occasion ses pieds sont-ils coupés ? Suite à quel évènement ? L’auteur se serait-il trompé de personnage, ou bien ce n’est qu’une simple confusion entre Fa et Ifa ?
Références
Roman, La Naissance de Fa du Professeur Mahougnon KAKPO
Amb. Salem Ayenan, Promoteur du site internet « Promouvoir la Littérature » : https://www.facebook.com/Salemayenan ; Premier prix de SPELLING BEE, Centre Universitaire d’Adjarra, Deuxième prix du Concours Dictée organisé par le GJB Dangbo.
Retrouvez l’intégralité de mon travail sur ma page facebook Promouvoir La Littérature.
J’aimeJ’aime