Esclaves
« Les femmes sont des créatures que le Miséricordieux Allah a créées pour nous rendre la vie douce et insupportable. »
Auteur :KANGNI ALEM
Editions :JC Lattès
Genre :roman
Année de Parution :Avril 2009
Nombre de Page :255
4ème de couverture :
1818 Royaume du Danhomé. En dépit des traités d’abolition, le commerce de la honte prospère. Il ronge les côtes, sème la ruine et la peur, fait la fortune des maîtres esclavagistes et de leurs alliés. Les plus faibles sont vaincus, leurs existences bouleversées. Le seul qui ose s’élever contre l’esclavage, le roi Adandozan, est destitué. Il perd son pouvoir et son nom. Son plus fidèle soutien, un jeune maître des rituels, est vendu à un négociant anglais et débarqué au Brésil. Kangni Alem nous conte avec passion l’histoire bouleversante de cet homme, superbe personnage qui connut l’emprisonnement, le ventre des bateaux négriers, le Brésil et ses champs de canne. Il participa aux grandes révoltes et revint sur la terre d’Afrique, après vingt-quatre années d’esclavage, honorer la mémoire de son roi, mort dans l’oubli, et retrouver une contrée qui lui était désormais étrangère. Une magnifique fresque sur la destinée de ceux qu’on nomme les Afro-brésiliens.
Avis personnel :
Est-ce-que vous connaissez ce sentiment ? Quand quelqu’un vous vante les mérites d’un livre à ne point s’arrêter mais que vous n’avez aucune envie de le lire. Un livre avec un titre banal : Esclaves. Ça aurait été un titre évocateur ou un truc qui entretient un petit mystère que je me serais jeté dessus. Un titre comme ‘’Ce que le jour doit à la nuit’’ ou un ‘’Reptile par habitant’’ par exemple. Mais non, c’est ‘’Esclaves’’. J’ai lu ‘’L’esclave’’ de Félix COUCHORO et je ne voulais pas refaire ce même genre de voyage. Alors, quand on m’en a parlé, je me suis dit ‘’Que ne sais-je déjà de l’esclavage aujourd’hui ?’’ En fait, les leçons rudimentaires sur la traite négrière aux cours primaires et mes quelques recherches effectuées sur Google me confortaient dans mon délire. Mais qu’est-ce que je me suis pris mon pied quand je suis monté à bord de cet ‘’Air Esclaves’’ de la compagnie de voyage Kangni Alem !
L’histoire se déroule au début du 19ème siècle dans le Royaume du Danhomè, actuel Bénin. La traite négrière continue de fleurir malgré quelques faibles élans abolitionnistes. Le personnage principal de toute la trame est vraisemblablement le Maître des rituels successivement baptisé plus tard Miguel puis Sulé à cause de sa conversion à l’Islam. Mais tout ça, c’est bien plus tard. Pour l’instant, Miguel assiste, impuissant, à la destitution de son Roi Adandozan qu’il adulait pourtant. Je dirai qu’il a même pris part au complot de destitution à son corps défendant. S’étant fait piégé par la manœuvre de Guézo(le futur roi qui convoitait le trône) et Chacha(l’esclavagiste Portugais), il finira au fond de la cale du bateau négrier « Don Francisco ». Ledit bateau accostera au brésil plus précisément à Bahia.
Bahia !
Le tournant d’une fiction excellemment racontée par Kangni ALEM. Une fiction saupoudrée de réalités historiques poignantes. En fait, une fois à Bahia, entre ses petites recherches et les travaux dans les plantations, Miguel fit la connaissance d’un certain Félix SANTANA. Félix SANTANA est un mulâtre qui a à cœur l’abolition de l’esclavage et qui travaillait secrètement avec d’autres esclaves avant l’arrivée de Miguel désormais devenu Sulé.Ce dernier rejoint la vague conspiratrice et participe en 1835 au soulèvement des Malès. Feu et sang ! La lutte était minutieusement préparée. Et comme dans presque toutes les luttes pour la liberté, les pertes étaient lourdes tant dans le rang des esclaves que dans celui des Maîtres.
Déjà qu’on rencontre si peu de romans africains sur le thème de l’esclavage, celui-ci est de loin, le plus original qu’il m’est donné de lire sur la thématique. Il ressemble à un film documentaire qui expose les causes du fléau. Autour de cette thématique centrale, on retrouve notamment celles de l’identité culturelle et cultuelle, la liberté, la femme (et son pouvoir), la trahison, etc.
Pour savoir si le soulèvement des esclaves a connu du succès, ou s’il a échoué, vous devez lire cet ouvrage (Retrouvez de petits extraits du roman sur mon Instagram : @alexkdo239). Vous devez aussi le lire pour l’histoire, pour le témoignage. Nous ignorons tellement de choses sur notre propre histoire, alors qu’elle devrait être une source de motivation pour nous. La connaitre et l’accepter devrait nous permettre de nous libérer et d’accomplir de grandes choses pour le continent. C’est comme je le dis souvent : ‘’ Il faut savoir accepter les choses’’. Ce n’est ni de la résignation, ni un aveu de faiblesse. C’est une manière de réfléchir qui libère.
Alex K-DO