Quand avez-vous consulté Google pour la dernière fois ? Si vous lisez cet article, il y a de fortes chances qu’il soit le résultat d’une recherche sur le puissant moteur de recherche.
Que ce soit pour savoir la vitesse du déplacement d’une tortue de deux ans, connaitre la définition du mot jdjezdjk, ou avoir des ressources sérieuses pour écrire un article, je suis comme vous : je tape dans le plus célèbre des moteurs de recherche ma requête et presque toujours, la recherche est fructueuse. Presque toujours, oui car Google ne sait pas tout. Je n’ai pas trouvé définition du mot jdjezdjk…
Que ferait-on sans Google ? Je vous le demande.
Le moteur de recherche nous offre des services irremplaçables. On en oublierait presque qu’il n’a pas toujours existé !
Cet article n’est donc pas là pour critiquer Google, mais plutôt l’usage qu’on en fait. Et je vais être encore plus spécifique : l’usage de Google en milieu scolaire. C’est-à-dire par les élèves.
Je commence par une anecdote que j’ai du mal à oublier.
L’histoire de l’élève qui prenait Google pour un magicien
Il y a trois ans, un élève est venu me demander de l’aider pour un exercice de contraction de texte.
J’ai fait un BAC littéraire, mais mon sujet de prédilection a toujours été le commentaire composé. C’est le meilleur sujet à mon avis.
J’ai donc demandé à mon jeune ami de faire d’abord un essai et que je l’aiderais à améliorer son travail.
Il souhaite travailler sur un ordinateur connecté et j’accède à sa demande. Pour moi, il ferait des recherches comme : « Comment réussir une épreuve de contraction de texte » ; « conseils pour faire une bonne contraction de texte ». C’est ce que vous feriez n’est-ce pas ?
Une heure plus tard, il n’a pas fini. Je vais le voir et devinez quoi …
Le garçon était en train de saisir le texte dans la barre de recherche de Google. Il voulait demander au moteur de recherche de lui contracter le texte.
Il avait mis : « Contraction du texte : …. » Et avait commencé la saisie de ce long texte.
J’ai dû lui expliquer le fonctionnement des moteurs de recherches.
Ce qu’il faut retenir de cette histoire est que mon ami était un sympathisant du moindre effort. Il ne s’est pas donné la peine, j’allais dire la joie d’utiliser son intelligence pour faire ce qui lui était demandé.
Vous comprenez donc ma question : Google fabrique-t-il des paresseux ?
Aujourd’hui pour les exposés sur les œuvres littéraires au programme, les élèves se contentent d’aller copier les travaux sur internet sans lire les œuvres en question.
Ce qu’ils ne savent pas, c’est que Google ne fait pas de la magie. Pour qu’il affiche une page consécutive à une recherche précise, il faut qu’un individu consacre de son temps et de son intelligence pour créer ce contenu-là.
J’ai déjà vu un élève copier mon article sur ‘Pour une poignée de gombos’ de Sophie Adonon pour un exposé. Il ne voulait pas, n’avait pas besoin de connaitre l’auteur de l’article. Inutile de vous dire qu’il n’a pas lu l’ouvrage.
Sur le blog les articles les plus lus ces dernières années sont ceux sur les œuvres au programme. Est-ce une coïncidence ? Non.
D’ailleurs certains élèves n’hésitent pas à nous reprocher en commentaire de n’avoir pas abordé certains aspects de tel ou tel livre. Je reçois régulièrement des questions du genre : quel est le thème de tel livre, quelle est la psychologie des personnages de tel livre ?
Si ces gens ont lu les livres, peuvent-ils encore nous poser ces questions ?
Chers élèves, Google ne doit pas remplacer votre cerveau.
Certains me diront : Désiré, tu accables les élèves. Il n’y a pas qu’eux que Google rend paresseux. Oui, et je dirais même plus : c’est toute la technologie qui nous rend paresseux.
Avant, on avait en tête les dates d’anniversaire de nos meilleurs amis. Aujourd’hui, c’est Facebook qui nous les rappelle.
Quand j’ai eu mon premier téléphone, j’avais une bonne dizaine de numéros en tête. J’étais de fait, un annuaire ambulant. Aujourd’hui ma mémoire est stockée sur un téléphone. Elle est parfois vive ou RAM(e).
Or j’ai prévenu que je ne parlerais que de l’usage des moteurs de recherche en milieu scolaire.
En l’absence de bibliothèques scolaires et de bibliothèques tout court, les moteurs de recherche sont une alternative formidable. Mais les informations collectées via ces plateformes doivent être traitées à l’aune de notre propre intelligence. Comme le dit un Slameur béninois : Allumons nos cerveaux. Aucune intelligence artificielle ne fait mieux.
Pour le cas des livres à exposer, l’honnêteté intellectuelle veut que ces livres soient lus au préalable. Les recherches sur le net permettront d’améliorer la qualité des productions.
Habitués à réfléchir par eux-mêmes, les élèves éviteront le plagiat. Et s’inspireront des travaux des autres — disponibles via les moteurs de recherche ou les bibliothèques physiques — pour créer du contenu nouveau. C’est aussi cela l’intelligence.
Alors, pensez-vous que Google soit un générateur de paresseux ? Dans quelles mesures trouvez-vous que j’ai tort ?
Partagez cet article avec vos amis et que la discussion commence.
Eurydoce Désiré GODONOU
Spécialiste de l’Information documentaire, poète, blogueur et deux ou trois choses.
C’est une bonne sauce! Bravo pour sa préparation. Ce ne sont pas seulement les élèves qui sont concernés. Nos étudiants aussi se comportent ainsi face au sujet de recherche que j’ai l’habitude de donner, obligation étant faite dans chaque matière de requérir l’effort personnel de l’étudiant.
Google contient beaucoup de choses mais pas tout. Notre propre intelligence doit comprendre son langage (il y a une façon de l’interroger) et son mode de présentation des résultats (disposés des plus pertinents au moins disants). Ainsi, nous saurions l’exploiter dans nos recherches et analyser les résultats qu’il nous présente.
Je terminerai en précisant que Google n’est pas si gratuit que ça. Nous payons d’une manière ou d’une autre notre utilisation de Google à travers la publicité ciblée, les pages web à lire, la traçabilité de nos mouvements et …
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