Entretien avec Chédrack DEGBE du Festival Samedi des livres – Saveurs livresques

Entretien avec Chédrack DEGBE du Festival Samedi des livres – Saveurs livresques

Deux mois après la deuxième édition  du Festival Samedi des Livres , Saveurs livresques s’entretient  avec  Chédrack DEGBE, Directeur exécutif de l’ONG Initiative Pour la Promotion de la Lecture, l’Excellence et la Protection de l’Environnement (IPROLEPE). Saveurs livresques était partenaire de cette édition du FESAL et en fait le bilan ici avec l’un de ses principaux acteurs.Un promoteur du livre et de la lecture comme on aime bien  qui croit dur comme fer «qu’un seul livre peut changer la vie d’un homme ».

Saveurs Livresques : Bienvenue M. Chédrack DEGBE sur Saveurs Livresques. Présentez-vous à nos gourmets livresques.

Chédrack DEGBE :Je suis un jeune Responsable d’ONG résidant dans le Département du Zou au Bénin et plus précisément dans la Commune d’Abomey. Je m’investis dans la  promotion du livre et de la lecture. Tout est parti du constat selon lequel les jeunes apprenants d’aujourd’hui sont pour la plupart dépourvus de bibliothèque personnelle et par ricochet s’adonnent de moins en moins à la lecture. Il fallait donc agir pour renverser cette tendance. Pour ce faire, j’ai d’abord publié en 2016 un recueil de poèmes : « Pagaies du cœur » qui a été acheté comme du petit pain dans le centre-Benin. Dans le temps, je voyais des jeunes qui trainaient tout le temps le livre en main alors qu’auparavant, ils lisaient à peine. Pour maintenir le cap, j’ai publié un nouveau recueil de poèmes en 2018 : « Danses d’émotions ». Il fallait voir de jeunes lecteurs me déclamer certaines strophes de mes textes qu’ils ont fini par garder en tête au bout de leur lecture répétitive. J’étais non seulement ébloui par cette expérience que je vivais, mais aussi et surtout envahi par un désir d’inoculer le virus de la lecture à une cible plus élargie. D’où l’initiation en février 2019, du Festival Samedi des  Livres (FESAL), une activité de promotion du livre et de la lecture en milieu scolaire qu’organise de façon annuelle l’ONG IPROLEPE (Initiative Pour la Promotion de la Lecture, l’Excellence et la Protection de l’Environnement) dont je suis le Directeur Exécutif.

SL: Vous êtes le Promoteur du FESAL. En quoi consiste ce festival ?

CD: Le FESAL est un festival de livre qui se déroule tous les mois de février de chaque année dans le Centre-Bénin. L’activité principale de ce festival est la présentation de nouveaux livres au public en présence des auteurs concernés. Les échanges entre ces écrivains et les lecteurs enrichissent l’activité et permettent une compréhension approfondie des livres présentés au festival. Des déclamations poétiques, des représentations théâtrales et divers jeux-concours centrés sur la littérature donnent à l’activité un caractère divertissant. Il s’agit en un mot de la mise en pratique d’une politique de ludification de la lecture pour que les jeunes se divertissent tout en se cultivant.

SL: La deuxième saison du Festival Samedi des Livres (FESAL II) s’est déroulée cette année 2020 durant tout le mois de février dans certaines communes du département du Zou. Quel en est le bilan ?

CD: Le FESAL II s’est effectivement déroulé cette année 2020, les différents samedis du mois de février, dans le département du Zou au Bénin et plus précisément dans les communes de Bohicon, Covè, Za-Kpota, Zogbodomey etDjidja. Les innovations de cette deuxième saison du festival sont multiples. Il s’agit entre autres de l’organisation d’un pré-lancement de cette saison à trois mois de son démarrage. À l’occasion, nous avons mis un nombre important des livres du festival à la disposition de certains clubs de lecture du Zou. Ce sont des livres des auteurs invités au festival et qui ont fait objet de présentation lors des cafés littéraires qui constituent l’une des activités les plus croustillantes du FESAL. Ainsi, les membres de ces clubs de lecture ont pris le temps d’étudier ces livres dans leur atelier respectif pour en avoir une idée relativement appréciable. Cela leur a permis de non seulement présenter le contenu de ces livres aux participants du festival, mais aussi et surtout participer activement aux débats autour de ces bouquins lors du festival. Ces nouvelles pratiques nous ont permis d’avoir au final des journées de festival assez réussies. Globalement, nous avons connu la participation de plusieurs centaines de participants qui sont majoritairement des élèves. Des déclamations poétiques, des représentations théâtrales, et le nec plus ultra : le jeu-concours ‘’Je maitrise mon livre’’ suivi de dons de livres ont suffisamment agrémenté le festival qui a connu la participation de plusieurs auteurs béninois. Nous  pouvons citer Florent Eustache HESSOU, Wanilo Bertrand ANANOU, Noudjiwou Carlos ALLOSSOU, Aubin TOWANOU, Achille SODEGLA et Vidjinangni Alain BOCOVO.

Festival Samedi des livres

 

SL: Quels sont les objectifs du FESAL ?

CD: J’ai pris l’habitude de dire que si les jeunes ne lisent jamais, c’est parce qu’ils n’ont aucun livre à la maison. Combien de fois offrons-nous des livres à nos enfants à leur anniversaire ou à leur baptême. Prenons-nous la peine de chercher à connaitre tout au moins les livres au programme dans leurs promotions avant même de ne point les acheter,  faute de moyens ? C’est pour corriger ce deal incongru entre nous, parents curieusement engagés à fabriquer des enfants allergiques aux livres, que nous travaillons pour le FESAL. Cela s’illustre à travers les thèmes du festival dont le précédent était : ‘’L’importance de la lecture pour le jeune apprenant’’. Une campagne de communication de 30 jours via les réseaux sociaux est inclue dans les activités dudit festival pour toucher la sensibilité des adultes et les amener à se repentir envers les dieux de la littérature afin que chaque foyer soit doté d’une bibliothèque familiale pour l’épanouissement des enfants. Aussi, à la cérémonie de clôture du festival, un plaidoyer est fait, à chaque fois, par les élèves-membres des clubs de lecture du Zou à l’endroit du Ministre en charge de l’Enseignement Secondaire, pour une redynamisation des bibliothèques scolaires dans les lycées et collèges. Tout ceci permettra de consolider le nouveau lien qui se tisse progressivement entre les jeunes et les livres et qui participe énormément à leur élévation intellectuelle. Cela pourrait – c’est notre vœu –permettre une réussite professionnelle aux jeunes béninois et également offrir des passerelles à certains d’entre eux pour de brillantes carrières d’écrivains.

SL: C’est souvent difficile de trouver des sponsors pour des projets littéraires. Quelle est votre recette pour mobiliser les ressources ? Lancez un appel à soutien si vous voulez.

CD: A chaque fois que nous nous approchons d’un potentiel sponsor, nous essayons de les rassurer de ce que notre besoin principal reste et demeure LES LIVRES. Justement, notre leitmotiv, c’est de doter les élèves des livres essentiels pour une réussite parfaite de leurs études et une consistante culture générale pour réussir leur parcours professionnel. La plupart de ceux dont nous sollicitons le soutien épouse systématiquement ce concept et s’engage à nous accompagner sur une longue durée. Aussi, chaque livre offert au Festival Samedi des livres porte le nom du donateur de sorte que les bénéficiaires  sachent précisément qui sont leurs bienfaiteurs. Dans ce cadre, l’ONG IPROLEPE (que je dirige) et L’ APFB (Association des Professeurs du Français du Bénin) / Section ZOU (présidée par le Professeur de Français Christian GUEDJO)organisent chaque vacances scolaires une Collecte Nationale de Livres pour une mobilisation massive de livres au programme et de livres ordinaires afin d’avoir à disposition le matériel nécessaire pour récompenser les participants du festival qui nous impressionnent par leur engagement et leur détermination pour la cause littéraire. Il faut préciser aussi que nous exploitons souvent des salles des centres de lecture ou d’écoles que les responsables de ces lieux mettent gracieusement à notre disposition. Les autres charges liées la logistique, le déplacement et la communication demeurent jusqu’à ce jour orphelines de mécènes. C’est pourquoi nous lançons un appel pressant aux personnes physiques et morales de bonne volonté désireuses d’accompagner les jeunes dans leur ascension estudiantine pour qu’ils se joignent à nous pour que nous écrivions ensemble l’histoire du Festival Samedi des livres.

SL: A la question de Jean-Paul SARTRE : <<Que signifie la littérature dans un monde qui a faim ? >>, que répondez-vous ?

CD: A priori, le sous-développement de certaines populations du monde nous amène à leur concéder en partie leurs élans antilittéraires. Je suis convaincu que l’expérience d’une vie en deçà du seuil de pauvreté ne saurait permettre aux concernés de s’adonner à la lecture au lieu d’aller faire leurs menues tâches pour survivre.  Cependant, quand on sait que la lecture est aussi  découverte, sagesse, motivation, engagement au travail et réussite, on devrait selon sa « faim » (je veux dire la difficulté que l’on traverse),  lire au moins un seul livre qui aborde ce sujet et y trouver les astuces nécessaires pour parvenir au succès. Un seul livre peut changer la vie d’un homme. L’ouvrage « Père riche, père pauvre » de Robert T. KIYOSAKI n’a pas fini de faire des illuminés à travers le monde. On devrait lire quelle que soit sa situation.

SL :Merci d’avoir répondu à nos questions. Nous vous souhaitons une savoureuse continuation du Festival Samedi des Livres pour le meilleur et par le livre.

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